La chasse aux sorcières : une histoire de peur et d’hystérie

la chasse aux sorcières

Sommaire : 

 

  • Les origines de la chasse aux sorcières
  • La première trace manuscrite
  • Les méthodes utilisées pour identifier les sorcières
  • La chasse aux sorcières : début d’une traque sans précédent
  • L’apparition de la croyance en la « sorcière maléfique »
  • La chasse aux sorcières de Salem
  • Pratiques douteuses pour des accusations à tort
  • La mise à mort des sorcières
  • La fin de la chasse aux sorcières
  • Les conséquences de la chasse aux sorcières
  • La Wicca, héritière de la sorcellerie

La chasse aux sorcières est une période sombre de l’histoire de l’humanité, marquée par la peur et l’hystérie collective. Découvrez l’histoire fascinante de cette période, qui a vu des milliers de personnes accusées de sorcellerie et persécutées, souvent de manière brutale et injuste.

Les origines de la chasse aux sorcières

Les origines de la chasse aux sorcières remontent au Moyen Âge, où la sorcellerie était considérée comme un crime contre l’Église et l’État. Cependant, la chasse aux sorcières a atteint son apogée pendant la Renaissance, lorsque la peur de la sorcellerie et de l’influence du diable a atteint des niveaux sans précédent. Les femmes étaient souvent les principales victimes de cette chasse, car elles étaient considérées comme plus susceptibles de pactiser avec le diable.

Les gens avaient l’habitude de penser que les sorcières étaient mauvaises parce qu’elles utilisaient des pratiques ésotériques sombres, notamment pour envoyer le mauvais oeil. Mais en réalité, il s’agissait simplement de personnes qui savaient comment soigner les gens en utilisant des méthodes naturelles. Elles pouvaient aussi parler aux esprits et aux êtres surnaturels. Les gens ne comprenaient pas ce qu’elles faisaient et pensaient que c’était mal.

La première trace manuscrite

On ne connaît pas la date exacte de l’entrée des sorcières dans l’Histoire. Mais l’une des premières traces faisant mention de « sorcières » se situe dans la Bible. 

L’histoire de la sorcière d’Endor se trouve dans le livre 1 de Samuel. Ce livre a été écrit entre 900 et 700 avant Jésus-Christ. Saül, le roi, voulait parler à quelqu’un du monde des morts pour obtenir de l’aide afin de gagner une bataille contre les Philistins.

La sorcière réveille le prophète Samuel. Il annonça au roi que lui et ses fils allaient mourir dans une bataille contre les Philistins. Cette nouvelle rendit Saül si triste qu’il se tua. D’autres versets de la Bible disent que les sorcières sont mauvaises et ne devraient pas être autorisées à vivre. La Bible dit aussi que la divination et la nécromancie sont mauvaises.

Les méthodes utilisées pour identifier les sorcières

Les méthodes utilisées pour identifier les sorcières étaient souvent cruelles et inhumaines. En voici 2 exemples :

– Les accusées étaient soumises à des tests tels que la « baignade des sorcières », où elles étaient attachées et jetées dans l’eau. Si elles flottaient, cela était considéré comme une preuve de leur culpabilité, car on pensait que le diable les avait rendues légères. 

– D’autres tests incluaient l’examen de marques corporelles, comme les taches de naissance ou les cicatrices, qui étaient considérées comme des signes de pacte avec le diable. Ces méthodes ont conduit à de nombreuses fausses accusations et à la mort de milliers de personnes innocentes.

La chasse aux sorcières : début d’une traque sans précédent

 

Des milliers de morts

L’hystérie autour de la figure de la sorcière a vraiment pris racine en Europe au milieu des années 1400. Ceci est survenu lorsque de nombreuses sorcières accusées ont été obligé d’avouer sous la torture une variété de comportements pervers. En l’espace d’un siècle, la chasse aux sorcières était devenue courante et la plupart des accusées étaient exécutées en étant brûlées sur le bûcher ou par pendaison. On visait tout particulièrement les célibataires, les veuves et les autres femmes en marge de la société.

En Europe, entre les années 1500 et 1660, on a mis à mort jusqu’à 80 000 sorcières présumées. On considérait environ 80 % d’entre elles comme des femmes de mèche avec le diable et caractérisées par un désir pervers. L’Allemagne avait le taux d’exécution de sorcières le plus élevé, tandis que l’Irlande détenait le plus bas.

Malleus Maleficarum : un livre contre la sorcellerie

La publication de « Malleus Maleficarum » — écrit par deux allemands très respectés en 1486 — a probablement incité à rendre virale la chasse aux sorcières. Le livre, généralement traduit par « Le marteau des sorcières », était essentiellement un guide sur la façon d’identifier, de chasser et d’interroger les potentielles sorcières. Ce manuel était une arme redoutable qui ciblait des femmes pour les accuser à partir de simples doutes et impressions. 

Le « Malleus Maleficarum » a qualifié la sorcellerie d’hérésie. Il a rapidement fait autorité chez les protestants et les catholiques qui tentaient de débusquer les sorcières vivant parmi eux. Pendant plus de 100 ans, on a vendu ce texte plus que tout autre livre en Europe à l’exception de la Bible.

L’apparition de la croyance en la « sorcière maléfique »

La combinaison du maleficium

Dans les pays modernes, les accusations de sorcellerie fournissaient un moyen d’exprimer ou de résoudre les tensions sociales. Mais c’est au sein de la société occidentale, où se mêlaient peur irrationnelle et mentalité de persécution, qu’a émergé le concept de chasse aux sorcières. 

C’est aux alentours du 11e siècle que les mentalités concernant la sorcellerie ont commencé à changer. En effet, c’est à cause d’un certain nombre de faits que la perception occidentale s’est transformée radicalement et a joint l’hérésie et le Diable à la sorcellerie. 

Ainsi, au 14e siècle, au maleficium (sorcellerie malveillante) s’ajoutaient des accusations d’hérésie et de pacte satanique. Au final, ce qui a rendu unique la sorcellerie en Occident, c’est précisément cette combinaison, hérésie, diable, sorcellerie.  

Entre diable et démons

satanisme

Du 14e au 18e siècle, des croyances circulaient. Elles avaient pour objet la répudiation de Jésus-Christ par des sorcières. Cette rumeur y associait également l’adoration par ces dernières du diable et leur lien avec des démons. Cela impliquait vendre son âme à Satan pour acquérir des privilèges et côtoyer les esprits sombres pour l’accomplissement de magie noire. 

S’ajoutaient à cela les réunions secrètes pour « sabbats ». Elles y accomplissaient des actes sexuels pervers qui incluent la participation de Satan et de ses démons. Changer de forme et kidnapper des enfants faisaient partie des rumeurs transformées en croyances populaires. 

Bien évidemment, ces idées n’étaient que fantasmes liés à des accusations non fondées. Malheureusement, cela n’a pas empêché la justice d’émettre des lois contre ces prétendues sorcières malfaisantes. Cette législation a mené à la chasse aux sorcières et à une uniformisation de l’image de la sorcière associée au mal.  

La chasse aux sorcières de Salem

Au fur et à mesure que l’hystérie des sorcières diminuait en Europe, elle se développa dans le Nouveau Monde. Cette psychose qui visait ces femmes se passait en pleine période de guerre entre les Français et les Britanniques. Une épidémie de variole et la peur continue des attaques des tribus amérindiennes voisines renforçaient le sentiment de méfiance vis-à-vis de la sorcellerie. L’atmosphère tendue était propice à la recherche de boucs émissaires. Par conséquent, les procès de sorcières les plus connus ont probablement eu lieu à Salem, Massachusetts en 1692.

Les premiers cas de sorcellerie avérés

La servante Tituba

Les procès des sorcières de Salem ont commencé lorsque Elizabeth Parris, âgée de 9 ans, et Abigail Williams, âgée de 11 ans, ont commencé à souffrir de crises. Elles étaient victimes de contorsions corporelles et de cris incontrôlés.

Alors que de plus en plus de jeunes femmes commençaient à présenter les symptômes d’un envoûtement, une hystérie de masse s’ensuivit. On accusa alors trois femmes de sorcellerie : Sarah Good, Sarah Osborn et Tituba. Cette dernière (une servante du père d’ Elizabeth Parris),  avoue être une sorcière et a commencé à accuser les autres d’utiliser la magie noire. 

La première femme accusée de sorcellerie

Le 10 juin 1692, Bridget Bishop est devenue la première femme accusée de sorcellerie dans l’affaire des sorcières de Salem. On l’a mise à mort, car considérée coupable de fait de sorcellerie. On l’a finalement pendue à la potence de Salem. Le 19 juillet de la même année, les quatre femmes accusées de sorcellerie sur les deux petites filles furent exécutés.

Aujourd’hui, les spécialistes pensent que des champignons vénéneux sont la cause des douleurs des prétendues victimes du sortilège. En fin de compte, on a accusé environ 150 personnes et mis à mort 18 autres. Les femmes n’étaient pas les seules victimes des procès de Salem. On a également condamné et exécuté 6 hommes.

Une histoire bien ancrée dans les mémoires

Les affrontements sauvages qu’ont produits les procès des sorcières de Salem sont si vifs et complexes qu’ils font l’objet de recherches et de réinterprétations sans fin. En outre, leur résonance continue à travers les hystéries de masse américaines des années 1950. Le maccarthysme et la « peur des rouges » ainsi que la panique post 11 septembre, ressuscitent avec une régularité étrange la période des évènements de Salem. 

Par ailleurs, les sorcières de Salem ont donné naissance à une multitude d’œuvres allant de The Crucible d’Arthur Miller à des enquêtes et des romans plus récents. Ces textes examinent les potentialités de l’évènement à travers un prisme politique, psychologique, religieux, économique, et de genre. Un bon nombre d’entre eux sont captivants et perspicaces, ajoutant des perspectives et des couches à une histoire étonnamment riche.

Pratiques douteuses pour des accusations à tort

sorcière Grace-Sherwood

L’une des sorcières les plus célèbres de l’histoire de la Virginie est Grace Sherwood. Les voisins de cette dernière ont prétendu qu’elle avait tué leurs cochons et leur avait jeté un sort. On a fait suivre d’autres accusations et traduit Sherwood en justice en 1706.

Le tribunal a décidé d’utiliser un test d’eau controversé pour déterminer sa culpabilité ou son innocence. Les bras et les jambes de Sherwood étaient liés. Par la suite, on l’a jetée dans un plan d’eau. Elle aurait été innocentée que si elle avait coulé. On a finalement reconnu Sherwood coupable de sorcellerie, car elle n’a pas sombré au fond du bassin.

Cependant — et heureusement pour elle —, on ne l’a pas exécutée, mais mise en prison durant 8 longues années.

La mise à mort des sorcières 

Le Massachusetts n’a cependant pas été la première des 13 colonies à être obsédée par les sorcières. À Windsor, dans le Connecticut, en 1647, Alse Young fut la première personne en Amérique exécutée pour sorcellerie. Avant le dernier procès de sorcière du Connecticut en 1697, 46 personnes ont été accusées dans cet État. 11 autres ont été mises à mort pour ce crime. 

En Virginie, la population était moins frénétique à propos des sorcières. En effet, dans le comté de Lower Norfolk en 1655, une loi d’avant-garde a été adoptée afin d’interdire les accusations de sorcellerie, considérées comme des rumeurs. Et pourtant, la sorcellerie était une réelle préoccupation. Environ deux douzaines de procès pour sorcières (principalement des femmes) ont eu lieu en Virginie entre 1626 et 1730. On n’a exécuté aucun des accusés.

La fin de la chasse aux sorcières

Les 3 facteurs marquant la fin de la chasse aux sorcières 

Tout d’abord, le siècle des Lumières a apporté une nouvelle perspective sur la raison et la rationalité, remettant en question les croyances superstitieuses qui avaient alimenté la chasse aux sorcières. De plus, les gouvernements ont commencé à prendre des mesures pour mettre fin à la persécution, notamment en réformant les lois et en mettant en place des tribunaux plus justes. Enfin, l’Église catholique a également joué un rôle important en condamnant la chasse aux sorcières et en excommuniant les personnes impliquées dans la persécution. Bien que la chasse aux sorcières ait pris fin il y a des siècles, elle reste un rappel important des dangers de la peur et de l’hystérie collective.

L’article de Benjamin Franklin

En 1730, un journal appelé Pennsylvania Gazette a écrit sur un prétendu procès de sorcières dans le New Jersey. Benjamin Franklin en serait l’auteur. L’article se moque de la stupidité des accusations.  Il écrit que des personnes ont témoigné sur la base d’absurdités telles qu’une femme se rendant invisible ou remuant de la bave de crapaud avec ses doigts pour provoquer de la grêle. Son article a permis de faire prendre conscience de l’absurdité de la chasse aux sorcières et a contribué à sa fin.

Petit à petit, les personnes cessent d’accuser injustement les sorcières. Plus tard, des lois seront adoptées pour protéger les personnes contre les fausses accusations.

Les conséquences de la chasse aux sorcières

La chasse aux sorcières a eu des conséquences dévastatrices pour les communautés touchées. Des milliers de personnes ont été faussement accusées et exécutées, souvent après avoir subi des tortures inhumaines. Les femmes étaient particulièrement vulnérables, car elles étaient souvent accusées de sorcellerie en raison de leur statut social inférieur ou de leur comportement considéré comme non conforme. La chasse aux sorcières a également eu un impact sur la médecine et la science, car de nombreuses personnes instruites ont été accusées de sorcellerie et persécutées. En fin de compte, la chasse aux sorcières a laissé une marque sombre sur l’histoire de l’humanité, rappelant les dangers de la peur et de l’hystérie collective.

La Wicca, héritière de la sorcellerie 

wicca

Bien que la chasse aux sorcières ait pris fin il y a des siècles, son héritage continue de se faire sentir dans la culture populaire. Les sorcières sont souvent représentées comme des figures maléfiques dans les films, les livres et les émissions de télévision, perpétuant ainsi les stéréotypes négatifs associés à cette période sombre de l’histoire.

Cependant, il y a également eu des efforts pour réhabiliter l’image des sorcières et pour célébrer leur sagesse et leur pouvoir. Des mouvements modernes proches de la sorcellerie, tels que la magie Wicca, ont émergé pour promouvoir une vision plus positive de la sorcellerie et pour célébrer la nature et la spiritualité.

Pour conclure

La chasse aux sorcières a peut-être pris fin il y a des siècles, mais son héritage demeure. Elle constitue un rappel important des dangers qui peuvent découler de la peur et de l’hystérie collective, ce dont nous devrions tous être conscients aujourd’hui. Bien que des lois aient été adoptées pour protéger les personnes contre les fausses accusations et les condamnations, elles ne peuvent pas effacer ce qui s’est passé.

Nous devons nous souvenir de ce chapitre sombre de l’histoire afin de ne plus jamais le répéter. Le siècle des Lumières a apporté une nouvelle perspective sur la raison et la rationalité qui a contribué à mettre fin à ces croyances superstitieuses une fois pour toutes. Il faut espérer qu’en apprenant nos erreurs d’il y a longtemps, nous pourrons faire en sorte qu’elles ne se reproduisent plus jamais à l’avenir.