La sorcellerie : définition, présentation et origine

Sommaire :
- La sorcellerie : Mythe ou réalité ?
- Définitions et amalgames concernant le terme sorcellerie
- Christianisme et surnaturel : apparition d’une nouvelle définition de la sorcellerie
- La sorcellerie en Afrique
- Sorcellerie, Wiccanisme et le Livre des Ombres
- Rétrospective historique autour de la sorcellerie
- La résurgence de la sorcellerie sous un aspect positif
- La magie et la sorcellerie : éléments de la religion chrétienne
- Reconfiguration de la sorcellerie traditionnelle par le christianisme
- Restitution actuelle du sens des mots sorcière et sorcellerie
La sorcellerie est depuis longtemps une source de fascination et de mystère pour de nombreuses personnes. Il s’agit d’une pratique ancienne, entourée de légendes et de mythes, qui a pourtant réussi à survivre à travers les siècles sous diverses formes dans le monde entier. S’il existe de nombreuses définitions de la sorcellerie, ses origines remontent aux cultures préchrétiennes, qui avaient leurs propres croyances en matière de magie et de pouvoirs surnaturels. Dans cet article, nous examinerons certaines des fausses idées qui entourent ce mystérieux mot, ainsi que son histoire et ses interprétations modernes. Nous examinerons également comment le christianisme a façonné notre compréhension des sorcières et de la sorcellerie au fil du temps. Enfin, nous verrons comment les praticiens d’aujourd’hui pratiquent l’envoûtement modernes.
La sorcellerie : Mythe ou réalité ?
La sorcellerie en tant que mythe
Diverses représentations accompagnent l’image de la sorcière. On les symbolise souvent comme étant des êtres sombres et malfaisants, au physique repoussant et au nez marqué de verrues. Plus encore, on les imagine soit sur un balai survolant le ciel un jour de pleine lune, soit chez elles, dans une vieille maison, courbées sur un chaudron en train de préparer des potions magiques.
Par ailleurs, dans la culture populaire, on dépeint la sorcière comme étant une femme au foyer bienveillante (Ma sorcière bien-aimée), une adolescente, jeune disciple de sorcellerie qui essaye de perfectionner ses pouvoirs (Sabrina l’apprentie sorcière), ou encore un trio de sœurs engagées contre les forces maléfiques (Charmed).

Une réalité incontestable
Néanmoins, la réelle histoire des sorcières n’est pas ce que l’on montre à la télévision. Elle se jonche de violence, de torture et d’exécutions. Ainsi, la sorcellerie et la chasse aux sorcières ont été largement pratiquées presque partout dans le monde.
Cependant, la réalité de la sorcellerie n’est pas si évidente. Elle varie selon l’époque et l’endroit. Par exemple, la vieille vision de la sorcellerie européenne soutient que cette dernière n’a jamais existé. Cette version de l’histoire assure que l’Église l’ont inventée pour gagner en puissance et en prestige. On aurait créé l’idée de sorcellerie pour blâmer les superstitions répandues à travers les siècles au sein de l’Europe chrétienne. Autrement dit, la sorcellerie aurait servi de tremplin aux catholiques.
Pourtant, à la même époque, en Afrique, on exécutait des personnes si le motif d’accusation qui les visaient été la sorcellerie. On accuse ces présumées sorcières d’une série de griefs tels que provoquer l’impuissance, les maladies et la mort. De plus, on les soupçonnerait même de rendre le lait aigre.
Définitions et amalgames concernant le terme sorcellerie
La sorcellerie vue par la Wicca
Le terme « sorcellerie » reste malgré tout équivoque. En effet, différentes personnes utilisent les mêmes mots pour parler de réalités fondamentalement différentes et parfois sans rapport. Par exemple, en Amérique et en Europe, il existe de nouvelles formes de religion (Wicca). Ses partisanes s’identifient publiquement comme des « sorcières ». Elles adhèrent généralement aux valeurs féministes et à l’éthique du « d’abord ne pas nuire ». De telles sorcières écrivent occasionnellement des lettres à des rédacteurs en chef de journaux africains. Elles demandent pourquoi les gouvernements locaux ne protègent pas pleinement les droits des « sorcières ». Notamment en ce qui concerne le fait de pratiquer leur métier comme elles le souhaitent.
Une définition ambiguë de la « sorcière »
Les anthropologues et linguistes ont découvert dans des centaines de langues et de cultures une idée répandue de la sorcellerie. Cette idée — bien que non universelle — est que des tiers humains malveillants causeraient les malheurs et les décès. Ces personnes feraient un usage socialement désapprouvé du pouvoir occulte et surnaturel pour nuire à autrui. Dans certaines cultures, il y avait une distinction entre ceux qui faisaient du mal aux autres avec un pouvoir psychique inné (inconscient), et ceux qui en faisaient par le pouvoir (conscient) exercé par la manipulation de techniques magiques apprises.
« Sorcière », selon les anthropologues, désigne en terme indigène ceux qui utiliseraient un pouvoir inné ou psychique pour causer le mal. Le terme « magicien/magicienne » pour ceux qui useraient consciemment de pratiques magiques apprises et acquises pour nuire aux autres.
Mais la plupart des cultures ne maintiennent pas systématiquement cette distinction. De ce fait, il est courant aujourd’hui que les anthropologues utilisent le terme « sorcière » dans son sens péjoratif. Ce dernier désigne toute personne qui aurait causé le malheur par des moyens psychiques, magiques ou autres pouvoirs occultes.
Sorcellerie, sorcière et « sorcier guérisseur »
Dans les sociétés qui attribuent le malheur et la mort à des individus identifiés comme sorcières ou sorciers, il existe souvent une autre catégorie de praticiens. En effet, les magico-religieux agissent avec l’approbation sociale pour combattre la sorcellerie.

On traduit souvent les termes autochtones pour cette autre catégorie par « sorcier », « devin », « chaman » ou tout simplement « guérisseur ». Dans la plupart des sociétés qui avaient à la fois des « sorcières » (mchawi) et des « sorciers guérisseurs » (mganga), on considérait la « sorcière » comme agissant à des fins antisociales — faisant du mal à autrui — et le « sorcier-guérisseur » comme agissant à des fins prosociales — faisant du bien aux autres.
Cependant, avant la présence du christianisme dans ces sociétés, on considérait que la « sorcière » maléfique et le bon « sorcier » tiraient de la même source leurs pouvoirs. Ces derniers n’étaient ni intrinsèquement mauvais ni bons.
Christianisme et surnaturel : apparition d’une nouvelle définition de la sorcellerie
Dans la plupart des sociétés archaïques dont est issue la sorcellerie, il y avait souvent un concept de « grand dieu », alors que celui de « Satan » y était absent. En effet, un être surnaturel non humain complètement mauvais, que l’on oppose à Dieu et au bien n’existait pas. Encore moins sous la forme d’un esprit aux pouvoirs surnaturels considéré comme fondamentalement mauvais.
Ainsi, avant l’influence du christianisme, on ne basait aucunement le jugement moral du pouvoir exercé sur le fait que la faculté magique était censée venir de Dieu ou de Satan.
Il faut souligner que dans la plupart des cultures où la figure de la « sorcière » et celle du « sorcier guérisseur » sont opposées l’une à l’autre, ce ne sont pas seulement ces deux catégories de personnes qui pouvaient exercer un pouvoir surnaturel. En effet, un large éventail d’autres pratiques magico-religieuses ont également été menées par diverses personnes qui elles-mêmes n’étaient identifiées ni par le terme autochtone pour sorcier/sorcière ni par celui de sorcier guérisseur/chaman.
La magie de la fertilité, l’utilisation protectrice de charmes ou d’amulettes, la magie blanche, la magie rouge pour l’amour, l’utilisation de la magie à des fins de prédictions, pourraient être portés par pratiquement toute personne ayant les connaissances requises.
L’apparition de la notion de bien et de mal dans la sorcellerie
Ainsi, il n’y a pas d’images d’une figure surnaturelle non humaine de Satan dans ces sociétés antérieures. Toutes pratiques magico-religieuses qui n’étaient pas associées à la sorcière ou au sorcier guérisseur n’étaient pas considérées comme nécessairement mauvaises. Leurs pratiquants n’étaient pas définis comme ayant l’intention de nuire aux autres.
La présence influente du christianisme s’est accompagnée de pressions afin de changer les hypothèses fondamentales. Selon les compréhensions chrétiennes, on sentait souvent que toute puissance surnaturelle authentique devait être soit de Dieu, et donc bonne, soit de Satan, et donc anti-Dieu et mauvaise.
L’influence de la mauvaise traduction du mot « sorcière »
On associait facilement l’image traditionnelle de la sorcière et Satan. Puisque sorcier guérisseur et sorcière étaient tous deux sources de mal. En effet, comme les langues autochtones manquaient généralement de mots qui correspondent étroitement à l’idée de Satan, on utilisait souvent des termes associés aux sorcières humaines ou à la sorcellerie pour traduire l’idée de Satan.
Actuellement, les chrétiens utilisent cette dénomination pour désigner « le diable ». À cet égard, l’anthropologue allemande Birgit Meyer a travaillé sur comment les premiers missionnaires du Ghana ont traduit Satan par Abonsam, un terme Akan qui, selon elle, était à l’origine compris comme synonyme de « sorcière ». Ainsi, chaque référence chrétienne à Satan devient simultanément une référence et une ratification de l’idée de sorcière. On a souvent utilisé des mots autochtones signifiant « sorcière » pour traduire l’idée de Satan. L’association entre sorcière et Satan devient alors facile et fréquente.
En effet, puisque traditionnellement on pensait que le « sorcier guérisseur » avait le même pouvoir que celui de la sorcière, et puisque le pouvoir de la sorcière était de Satan, alors le pouvoir du sorcier devait l’être aussi. Sur cette base, les « sorciers guérisseurs » avaient le même pouvoir que la sorcière avant même la présence du christianisme. De ce fait, on les soupçonnait assez souvent d’être eux-mêmes secrètement sorciers maléfiques.
Autrement dit, l’image du chaman ou du guérisseur magique était souvent quelque peu ambiguë. Pour de nombreux chrétiens, les sorciers et sorcières tiraient vraiment leur pouvoir de Satan. De plus, si tout pouvoir magico-religieux venait nécessairement de Dieu ou de Satan, alors toutes les formes traditionnelles de pratique et de pouvoir magico-religieux doivent être catégorisées comme de Satan ou de Dieu.
La sorcellerie en Afrique

En Afrique, les gens ordinaires voient les sorcières sous un autre aspect. Ce sont des femmes et des magiciens décriés. À cet égard, ils se répartissent en deux grandes catégories :
- Les sorcières à travers lesquelles on explique la survenue du malheur, fondé sur des évènements réels.
- Les sorcières qui sont entièrement fantasmées.
La première catégorie comprend les pouvoirs qui empêchent les vaches de donner du lait, les poules de pondre des œufs, de provoquer des maladies et la mort. La seconde comprend des pouvoirs tels que voler comme un oiseau et se transformer en lièvre.
Au Swaziland (petit pays d’Afrique), la sorcellerie africaine émane généralement d’une coépouse jalouse, reflétant les tensions dans le foyer polygame. Il existe une croyance générale selon laquelle la maladie et les autres évènements malheureux sont liés à la sorcellerie.
Et c’est à cause de cela que les femmes âgées identifiées comme sorcières risquent d’être assassinées. Cependant, cette vision est surtout présente dans les zones rurales où la pauvreté conduit généralement à des relations humaines et intimes tendues et où la plupart des maladies ne peuvent être expliquées.
Sorcellerie, Wiccanisme et le Livre des Ombres
Les stéréotypes qui collent à la peau des sorcières actuelles ont du mal à être évacués. Actuellement, la sorcellerie se résume surtout dans la pratique du Wiccanisme, l’une des religions les plus anciennes du monde. En effet, les wiccans évitent à tout prix le mal. Leur pratique se résume en ces mots : « ne nuire à personne ». Ils s’efforcent de vivre en harmonie avec la nature et l’humanité. Ils sont pacifiques, tolérants et équilibrés.
La sorcellerie d’aujourd’hui
Aujourd’hui, beaucoup de sorcières font de la sorcellerie, mais elle ne comporte que très rarement les versants « maléfique et occulte ». Cette magie est souvent issue de leur propre livre des ombres. Cet ouvrage est un recueil de sorcellerie. On peut l’associer aux prières et rituels pratiqués dans d’autres religions. Actuellement, une incantation ou une potion de sorcellerie est plus susceptible d’être une médication herbacée pour soigner un rhume qu’un sort qui nuirait à autrui.

En effet, la sorcellerie moderne est pratiquée à des fins bienfaisantes. Grâce aux médias actuels, devenir sorcière est à la portée de tous. Encore faut-il trouver les bons renseignements et les bons rituels. La sorcière moderne s’adonne aujourd’hui à combattre le mal par la voie de la magie blanche. Et bien que l’histoire admette l’existence de sorcières malfaisantes, la plupart l’ont utilisée pour soigner les autres ou se soigner elles-mêmes.
Une violence toujours présente
Mais les sorcières font toujours face à la persécution et à la mort. Plusieurs hommes et femmes soupçonnés de recourir à la sorcellerie ont été battus et tués en Papouasie-Nouvelle-Guinée depuis 2010, dont une jeune mère qui a été brûlée vive. Des épisodes similaires de violence contre des personnes accusées d’être des sorcières se sont produits en Afrique, en Amérique du Sud, au Moyen-Orient et dans des communautés d’immigrants en Europe et aux États-Unis.
Rétrospective historique autour de la sorcellerie
L’histoire des sorcières est à la fois antérieure à la science et à la médecine. Pourtant elle est reliée à celles-ci. En effet, avant qu’il n’y ait des médecins, il y avait des guérisseurs traditionnels, qui conjuraient la maladie et la mauvaise santé grâce à des remèdes et des rituels traditionnels. Leur pouvoir était en grande partie basé sur la maison et le foyer, et par conséquent traditionnellement féminin. En outre, on aurait utilisé le balai pour nettoyer un espace intérieur afin de recevoir celui qui cherchait à guérir, bien avant que l’image littéraire de la chevauchée dans le ciel nocturne ne soit conçue.

Les guérisseurs populaires âgés dotés de facultés magiques, en harmonie avec les forces invisibles de la nature, pouvaient être aussi bien craints que vénérés.
Mais l’idée de la méchante sorcière causant l’affliction à distance l’accompagnait malheureusement. Alors que la science affrontait la tradition en Occident, on considérait de plus en plus la magie comme occulte et effrayante.
D’autres sociétés jouissaient d’une intégration plus douce ou même d’une coexistence société/sorcellerie comme dans la religion vaudou.
Par ailleurs, d’anciennes traditions liées à la sorcellerie se vivaient dans les marges de la société.
La résurgence de la sorcellerie sous un aspect positif
L’image négative de la sorcière a culminé à Salem, avec des accusations de sorcellerie sauvagement lancées contre des innocents à la suite de coïncidences, cimentant l’image moderne de la méchante sorcière.
Cependant, il y a une résurgence croissante de la « bonne sorcellerie », de la magie blanche et d’autres approches similaires. Parmi les jeunes générations, la recherche d’une sagesse ancienne et d’un lien plus profond avec la nature devient importante. Les Wiccans seraient prompts à se distinguer des terreurs de Salem ou de la sorcière de la fête d’Halloween, malgré leur origine commune. Et c’est pour cela qu’il existe de nombreuses ressources qui croisent l’histoire des sorcières et de la sorcellerie — des racines historiques aux Wiccans modernes —, à des fins de restitution historique.
La magie et la sorcellerie : éléments de la religion chrétienne
La pratique de la magie n’a pas toujours été étrangère au monde chrétien. En effet, dans certains cas, les pratiques et les rituels associés à la magie existaient dans le domaine de l’église. Jusqu’à la Réforme protestante, l’Église catholique contrôlait l’entrée au ciel. Elle avait également pleinement recours aux pouvoirs magiques des saints. Elle utilisait également les mystères. Plus tard, on dénonçait tout cela comme des rituels magico-religieux.
Ainsi, à la fin du Moyen-âge, le praticien de magie noire, à savoir la sorcière, qui tient son pouvoir d’un pacte avec le diable, est une nouvelle idée et fait son entrée dans le discours catholique.
Point de bascule de la sorcellerie comme hérésie
Les notions historiques du praticien de la magie en tant que sorcier, appelé « la sorcière », ont finalement absorbé un caractère hérétique et ont été ratifiées dans la publication du célèbre Malleus Maleficarum en 1486 par deux inquisiteurs de l’ordre dominicain nommés Jacques Sprenger et Heinrich Kramer.
On a porté cette notion à sa conclusion dans ce que l’on appelle « l’engouement pour les sorcières ». De ce fait, on a retenu cela dans les discours religieux protestants, ce qui a mené à une centralité de la magie dans les persécutions qu’elle a subies.
Et pourtant, une telle antipathie et une telle peur n’émanaient que d’un seul courant du christianisme. En effet, ces positions se sont développées dans les cercles religieux contre la magie et la sorcellerie (ou du moins certains types de celles-ci) suite à une séparation idéologique.
Le rôle du protestantisme dans la stigmatisation de la sorcellerie
Dans le christianisme post-Réforme, le catholicisme a été appelé « la vieille religion ». Le protestantisme s’en distinguait comme étant libéré des entraves du papisme, de la magie, de la superstition et du monachisme. La croyance protestante en la prédestination a marqué un fossé croissant entre les conceptions relieuses et magiques. Et cela par la croyance que les prédictions de Dieu sur toutes les choses passées et présentes sont entravées par la magie, à la fois non chrétienne et irrationnelle.
Cette rationalisation croissante de la religion a conduit à l’élimination progressive du rituel magique et des éléments charismatiques qui avaient été au centre de la religion. Cette dernière s’est maintenant développée comme une autorité juridico-rationnelle, contrairement à l’enchevêtrement de la religion et de la magie qui était soutenu dans les traditions chrétiennes hétérodoxes et qui avaient surgi à la suite de divisions après la Réforme.
Beaucoup de ces traditions ont adopté de riches rituels cérémoniels et des pratiques des églises chrétiennes orthodoxes. Le renouveau occidental de la « haute magie » était particulièrement présent dans la magie cérémonielle des sociétés secrètes telles que les francs-maçons, l’ordre des rosicruciens et autres.
Tolérance et intolérance de la sorcellerie dans le christianisme
Ainsi, on stigmatisait moins la magie à l’époque de la Renaissance, même si on la pratiquait en secret tout en la considérant comme occulte. Ce qui unissait ces églises et traditions disparates semblait être leurs pratiques ritualisées, et le fait qu’elles étaient toutes, à divers moments, sujettes à des accusations et à des soupçons d’irrégularité sexuelle, d’occultisme et de pratique de la magie, ratifiant ainsi leur nécessaire exclusion de l’orthodoxie religieuse.
Reconfiguration de la sorcellerie traditionnelle par le christianisme
Au Ghana, les gens ont commencé à avoir des opinions différentes sur les croyances en sorcellerie. Il en va de même dans d’autres pays où les gens croient au christianisme.
Dans le cadre d’un tel changement, on peut désigner et identifier comme pratiquant la sorcellerie le guérisseur traditionnel. Mais aussi ceux qui ont versé des libations lors d’un mariage, ont utilisé un charme ou fait usage d’une amulette. Désormais, on soupçonnera de sorcière quiconque utilise une pratique traditionnelle de ce type. Aussi, le nombre de personnes que l’on pourrait montrer du doigt comme des sorcières augmente.
Cette nouvelle conception de la sorcellerie permet également aux responsables chrétiens de penser qu’ils ont des pouvoirs spéciaux. Ces pouvoirs sont généralement détenus par des personnes appelées “guérisseurs” ou “chamans”.
Restitution actuelle du sens des mots sorcière et sorcellerie
Ainsi, la principale préoccupation de cet article est de nous éclairer sur la signification de certains mots que nous utilisons. Maintenant, nous pouvons mieux admettre et employer le mot sorcière. Cela correspond mieux aux réalités empiriques, interculturelles, historiques et anthropologiques. On ne réserve pas le terme qu’aux personnes accusées d’être la cause du malheur d’autrui. En effet, il y a de nombreuses cultures qui ont des pratiques magico-religieuses positives. Elles sont représentées par des personnes qui n’ont rien à voir avec le fait de nuire aux autres. Cependant, il est utile de comprendre le mot sorcellerie, afin de le distinguer intelligemment des autres pratiques magico-religieuses. Car aujourd’hui, d’autres termes tels que magie blanche, magie rouge, wicca et autres, décrivent ces pratiques non maléfiques.
Pour conclure
Il est important de comprendre comment les gens utilisent les mots dans différents endroits. Par exemple, chez les pentecôtistes ghanéens, les mots “sorcier” ou “sorcellerie” peuvent avoir des significations très différentes. Ces termes ne signifient pas toujours que l’on fait du mal à d’autres personnes.
En revanche, les wiccans et les néopaïens utilisent le mot “sorcière” pour décrire une personne spéciale. Cette personne a des croyances différentes qui impliquent d’être gentil avec les gens et les animaux, d’aider notre planète et d’utiliser la magie pour de bonnes choses. Elle s’efforce également de ne faire de mal à personne.Nous devrions de ce fait constamment réfléchir à la signification des mots parfois traduits par sorcière, sorciers ou sorcellerie.