Le vaudou : dissipation des mythes
Quand on entend le mot vaudou, c’est souvent dans un sens négatif, voire péjoratif. On y joint facilement le mal, le diable, la magie noire et autres représentations maléfiques. Détrompez-vous. Vous vous dites sûrement à ce moment précis : mais qu’est-ce que le vaudou alors, si ce n’est cette sorte de sorcellerie malfaisante qui tire son pouvoir de l’ésotérisme ?
En fait, ce terme cache une toute autre réalité qui trouve ses racines dans l’histoire de l’Homme. Explorons ensemble ce monde qui échappe à sa propre réalité…
Le vaudou dans la culture populaire
Il ne vous est pas nécessaire de chercher bien loin pour trouver des références au vaudou dans la culture populaire, en particulier dans le monde occidental.
Les films de zombies, bien sûr, tirent leur représentation des racines lointaines du vaudou haïtien. Aussi, les magasins de fantaisies vendent des poupées percées d’épingles pour cibler une personne en particulier. Cela peut permettre de se venger de votre ancien amour ou de votre patron qui vous mène la vie dure. Ils leurs faudra alors connaitre la meilleure façon pour se désenvoûter.
Même les jeux vidéo ont leurs propres marqueurs vaudou. Par exemple, le très populaire World of Warcraft possède ses propres sorciers vaudou Hakkari de Zul’Gurub.
Beaucoup de gens mentionneraient ces représentations si on leur demandait de décrire le vaudou. Certaines personnes (et même vous peut-être) parleraient également de possession spirituelle et de sacrifice animal. Nombreux d’entre vous pourraient également faire référence à un endroit spécifique :
- Les îles des Caraïbes, comme Haïti et la Jamaïque.
- Le sud-est des États-Unis, en particulier la Nouvelle-Orléans.
- Le delta du Mississippi.
Mais en réalité, le vaudou n’est-il que cela ?
Qu’est-ce que le vaudou ?
Le vaudou est une religion monothéiste souvent mal comprise par notre époque. Commun en Haïti et à La Nouvelle-Orléans, le vaudou fusionne les croyances catholiques et africaines. Cela forme un ensemble unique de pratiques comprenant des rituels, des dieux, des objets spécifiques (poupée vaudou, ou dagyde) et des dessins symboliques.
Cependant, comme pour toute religion, les adeptes du vaudou ne peuvent pas être regroupés dans une seule catégorie. Il existe également de nombreuses idées fausses, qui sont tout aussi importantes à comprendre.
Comprendre le vaudouisme
Vodou est également connu sous le nom de Vodoun, Voodoo et par plusieurs autres variantes. C’est une religion syncrétique qui mélange différentes influences. Elle combine le christianisme du vaudouisme et les croyances africaines indigènes. Ces dernières sont en particulier issues des peuples de la région du Dahomey en Afrique de l’Ouest (la nation moderne du Bénin).
Il faut savoir que le vaudouisme est principalement pratiqué en Haïti, à La Nouvelle-Orléans et ailleurs dans les Caraïbes. Cette religion a commencé son expansion lorsque les esclaves africains ont véhiculé leurs traditions autochtones avec eux alors qu’ils étaient transportés vers le continent américain.
Cependant, il leur était interdit de pratiquer leur religion. Pour contourner ces restrictions, les esclaves ont commencé à assimiler leurs dieux aux saints catholiques. Ils effectuèrent leurs rituels en utilisant des objets et des images de l’Église catholique.
Si un pratiquant du vaudouisme se considère comme chrétien, il déclare généralement être un chrétien catholique. Et c’est pour cela que de nombreux adeptes de vaudou se définissent comme catholiques.
Plus encore, certains voient les saints et les esprits comme étant une seule et même personne. D’autres soutiennent qu’habits et accessoires catholiques sont avant tout une question d’apparence.
Idées fausses sur le vaudou
La culture populaire a fortement associé le vaudou au culte du diable, à la torture, au cannibalisme et aux opérations malveillantes. C’est en grande partie le produit d’Hollywood couplé à de fausses déclarations et de nombreux malentendus liés au culte et à la religion vaudou.
Les germes de ces idées fausses ont commencé beaucoup plus tôt que tout ce qui a été vu dans les films américains. En effet, un incident bien connu datant de 1791 à Bois-Caïman (en Haïti) a marqué un moment crucial dans le soulèvement d’esclaves haïtiens. Les détails et l’intention exacts de cette réunion font encore l’objet d’un débat historique.
On pense que des témoins non adeptes ont assisté à une cérémonie vaudou et ont pensé que les participants faisaient une sorte de pacte avec le diable via la magie noire pour contrecarrer leurs ravisseurs. Certaines personnes, en parlant du tremblement de terre dévastateur de 2010, ont affirmé que ce pacte avait perpétuellement maudit le peuple haïtien.
Par ailleurs, il faut que vous sachiez que dans les régions influencées par le vaudou comme Haïti, l’esclavage était très agressif. Les révoltes des esclaves étaient tout aussi brutales.
Tout cela a conduit les colons blancs à associer la religion vaudou à la violence. Cela a égaelement contribué à alimenter de nombreuses rumeurs non fondées sur les Vodouisants.
Malgré leur prédominance dans l’esprit de la plupart des gens, nombre de ces stéréotypes n’ont rien à voir avec la religion vaudou. Alors que d’autres idées reçues ne sont liés que de manière indirecte.
Croyances de base dans le vaudou
Le vaudou est une religion monothéiste. Les adeptes du Vaudou (connus sous le nom de Vodouisants) croient en une seule divinité suprême qui peut être assimilée au Dieu catholique. Cette divinité est connue sous le nom de Bondye, qui veut dire « le Bon Dieu ».
En effet, selon la tradition vaudou, il existe un dieu suprême, connu sous différents noms dans différentes parties du monde. Et c’est en Haïti qu’on l’appelle Bondye. Cependant, quel que soit le nom utilisé par les partisans du vaudouisme, le dieu principal est immensément puissant et hors de portée des adeptes ordinaires. Pour cette raison, les pratiquants du vaudou doivent compter sur des centaines ou des milliers d’autres esprits pour communiquer avec leur dieu.
La hiérarchie divine au sein du vaudou
Les anthropologues qui écrivent sur le vaudou africain les appellent souvent “esprits vaudou“. Ces êtres existent dans une certaine hiérarchie. Il y en a des importants et puissants, dont beaucoup ont leurs propres célébrations. Il y a aussi des moins puisssants, dits mineurs, qui jouent divers rôles dans différentes régions. Les communautés et même les familles ont leurs propres esprits. Ces entités reçoivent leur pouvoir de Dieu et communiquent avec lui au nom des disciples.
Ainsi, les Vodouisants acceptent également l’existence de ces êtres inférieurs qu’ils appellent Loa (ou Lwa). Ceux-ci sont plus intimement impliqués dans la vie de tous les jours que Bondye. Car ce dernier est une figure éloignée, transcendante et inatteignable. Concernant les Lwas, ils se divisent en trois familles distinctes : Rada, Petro et Congo.
La relation entre les humains et Lwas est réciproque. Les croyants fournissent de la nourriture et d’autres articles qui font appel aux Lwas en échange de leur aide.
Les croyants invitent fréquemment ces êtres à les posséder durant un rituel afin qu’ils puissent interagir directement avec la communauté.
Autre fait important : le lieu où résident ces entités s’appelle Vilokan. Cet endroit représente autant la maison des Lwas que des défunts. Il est communément décrit comme étant une île submergée et boisée, gardé par le Lwa Legba, qui doit être apaisé avant que les pratiquants puissent parler à tout autre résident de Vilokan.
Rituels et pratiques vaudouiques
Il est important de savoir qu’il n’y a pas de dogme standardisé dans le vaudou. Par exemple, deux temples dans la même ville peuvent enseigner des mythologies différentes et faire appel aux Lwas de diverses manières.
En tant que telles, les informations fournies dans les comptes-rendus du vaudou ne peuvent pas toujours refléter les croyances de tous les adeptes. Par exemple, les Lwas sont parfois associés à différentes familles, saints catholiques ou vévés (symboles et dessins vaudou). Voici quelques variantes de rituels courants :
Le sacrifice d’animaux
Lors d’un rituel vaudou, on peut sacrifier une variété d’animaux, et ce, selon le Lwa invoqué. Il fournit une nourriture spirituelle aux Lwa, tandis que les participants préparent et mange la chair de l’animal.
Les rituels de vévés
Ils impliquent généralement le dessin de certains symboles connus sous le nom de vévés avec de la semoule de maïs ou une autre poudre. Chaque Lwa a son propre emblème et certains on associe plusieurs figures à certains d’entre eux.
Les poupées vaudou
La perception commune des Vodouisants qui enfoncent des épingles dans les poupées vaudou ne reflète pas le vaudou traditionnel. Cependant, les Vodouisants dédient des poupées à des Lwas particuliers et les utilisent pour en attirer l’influence.
Ainsi, selon la tradition vaudou, les humains entrent en communication avec les Loas de manière très ritualisée. Les Loas sont capricieux. Ils ne seront utiles que si l’on entre en contact avec eux correctement par l’élaboration de différents rituels. Le service vaudou a lieu dans le oúfo (temple vaudou). Un hougan (prêtre) ou un mambo (prêtresse) doit officier ce rituel.
Les adeptes du vaudou attribuent les maladies et les morts à la colère des ancêtres en fureur. Et c’est bien pour cela qu’on accorde une importance considérable au rituel et à la cérémonie d’apaisement. Ce rituel vaudou comprend plusieurs éléments, notamment la musique, la danse, l’offrande de nourriture et les sacrifices d’animaux.
En outre, comme en magie wiccane, il est à noter que pendant les cérémonies et les célébrations, les adeptes du vaudou demandent aux esprits conseils, protection ou assistance. Cependant, le processus est réciproque. En effet, les adeptes doivent s’occuper du Loa en exécutant des rituels qui prennent parfois la forme de sacrifices d’animaux ou de diverses danses. D’autres rituels, aussi différents les uns des autres que codifiés, permettent aux adeptes de remercier les esprits pour leur protection, leurs bénédictions ou leur bonne fortune. Aussi, pour maintenir une bonne relation avec le Loa, les adeptes doivent se conduire correctement selon les coutumes de la communauté. De cette manière, la pratique du vaudou peut influencer les décisions et les activités quotidiennes d’une personne.
Prise de contrôle : la possession
Une partie de la croyance vaudou est que le Loa communique avec ses adeptes par la possession. Il déplace temporairement l’âme de son hôte (appelé médium) et prend le contrôle du corps de ce dernier. Selon cette croyance, le médium ne peut pas ressentir de douleur ou se blesser lorsqu’il est possédé. Le Loa parle à travers cet intermédiaire, donnant souvent des instructions, des conseils ou des prophéties d’évènements futurs. Parfois, un Loa reproche à ses adeptes de ne pas s’acquitter de leurs devoirs envers lui, leur famille ou leur communauté. Par ailleurs, dans certaines traditions vaudou, quelques personnes choisies ont le privilège de devenir possédées. Dans d’autres, le Loa peut choisir de posséder n’importe qui et à tout moment.
Cette idée que des esprits puissants ou influents peuvent posséder des gens, unit deux formes distinctes de vaudou.
- L’un existe principalement dans les parties nord et centrale de la côte ouest-africaine.
- L’autre est pratiqué principalement en Haïti, ainsi que dans certaines régions d’Amérique du Nord et du Sud.
Par exemple, les rituels des Lwas Rada et Petro utilisent à la fois la magie blanche défensive et offensive et peuvent aider à obtenir justice pour quelqu’un qui a été lésé.
Le rituel de possession, qui apparaît dans le rituel Petro, constitue le moyen le plus important de relier les esprits ou les ancêtres aux êtres humains. Ce qui est appelé « Une crise de possession » apparaît lorsque le pratiquant vaudou est en situation de mariage avec un Loa et devient son « cheval ».
La personne possédée souffre d’amnésie, qui s’explique par le fait que nul ne peut être à la fois dieu et humain. Cette crise de possession apparaît généralement dans une cérémonie appelée Manger-Loa et constitue l’événement majeur de la cérémonie vaudou.
Explication et révélation de la religion vaudou au monde
Ainsi, les livres qui explorent la religion vaudou le font souvent à travers une série d’histoires ou d’anecdotes au lieu d’une analyse. À cela, il existe plusieurs raisons. En voici quelques-unes :
- Le vaudou est une tradition orale sans texte sacré primaire, livre de prières ou ensemble de rituels et de croyances. Les pratiques vaudou, les noms des dieux et autres traits peuvent varier considérablement d’une région à une autre.
- La religion utilise une multitude de rituels et d’observations qui affectent la vie quotidienne des adeptes, rendant impossible une simple liste d’observations.
- À bien des égards, le vaudou est une religion personnelle. Les adeptes ont des expériences directes avec les esprits et Loa, et ces expériences peuvent être radicalement différentes d’un endroit à l’autre et d’une personne à l’autre.
La conceptualisation vaudou du monde implique la croyance en la continuité entre la vie et la mort. Dans le vaudou, on perçoit la mort comme une régénération de toute la société si l’on execute correctement les différents rituels et les services funéraires. En outre, une importance considérable est accordée aux morts et à l’entretien régulier de la tombe. Ainsi le culte du vaudou réussit à parvenir à une réconciliation entre le monde des vivants et le monde des morts.
Pour avoir une idée de l‘origine du vaudouisme et de son fonctionnement, nous explorerons l’histoire de la religion, ses symboles et ses coutumes dans d’autres articles.
Vaudouisme et pratiques cérémoniales africaines
Le vaudouisme est avant tout une tradition orale, les noms des dieux ainsi que les spécificités des différents rituels peuvent changer selon la région. Ces différences peuvent aussi se remarquer d’une génération à une autre. Cependant, le vaudou africain a plusieurs constantes, et ce, peu importe où les gens le pratiquent. Ainsi, outre la croyance en plusieurs dieux et la possession spirituelle, celles-ci incluent :
- La vénération des ancêtres.
- Les rituels ou objets utilisés pour transmettre une protection.
- Les sacrifices d’animaux utilisés pour montrer du respect à un dieu ou pour gagner sa faveur.
- L’utilisation de fétiches ou d’objets destinés à contenir le pouvoir d’esprits particuliers.
- Les danses de cérémonie, qui impliquent souvent des costumes et des masques élaborés.
- La musique et les instruments de cérémonie, notamment les tambours.
- L’association des aliments et des plantes avec des esprits spécifiques et l’utilisation de ces articles pour leur rendre hommage.
Beaucoup de ces traits, en particulier le culte des ancêtres, la musique et la danse, sont également importants dans d’autres religions africaines.
Ainsi, dans la pratique, le vaudouisme ressemble beaucoup aux autres religions traditionnelles ésotériques. De nombreuses célébrations semblent être en partie des fêtes, en partie des services religieux, avec de la musique rythmée, des danses et des chants.
Les rituels tirent parti du paysage naturel, comme les rivières, les montagnes ou les arbres.
De plus, des objets ordinaires deviennent sacrés par leur décoration et leur consécration (comme des pots, des bouteilles ou des parties d’animaux). Ils sont à cet égard utilisés dans les rituels.
Rites initiatiques et bénéfiques
L’initiation au vaudouisme
Dans certaines régions d’Afrique, les personnes qui veulent participer à la communauté vaudou peuvent entrer dans des centres religieux. Ces lieux ressemblent beaucoup à des couvents ou à des monastères. Les initiés de diverses communautés meurent symboliquement, passant trois jours et trois nuits dans l’isolement complet avant d’être renvoyés dans le monde extérieur. Les adeptes du vaudouisme apprennent les rituels, les aliments et les objets associés aux différentes divinités. Ils s’initient aussi à la façon de communiquer avec les esprits (Loas ou Lwas). Ces derniers ont des personnalités et des exigences différentes, tout comme les dieux dans les mythes grecs et romains.
Des rituels bénéfiques
Certaines personnes associent le vaudouisme au mal. Cependant, beaucoup de ses puissants rituels ( même ceux qui incluent le sacrifice d’animaux vivants ) se concentrent sur le respect et la paix.
Les chefs religieux deviennent des chefs de communauté. Ils octroient des conseils et règlent les différends entre adeptes. En outre, ces dirigeants fournissent fréquemment des soins médicaux sous forme de médecine traditionnelle.
Les prêtres, prêtresses et autres pratiquants consacrent généralement leur rituel à aider et à prendre soin des autres.
Le cas des jumeaux dans la communauté vaudou
Dans de nombreuses communautés vaudou, les gens considèrent les jumeaux comme sacrés. Selon la tradition, ils ont deux moitiés de la même âme. Si l’un meurt, l’autre portera souvent une poupée jumelle. D’ailleurs, on pense qu’elle porte l’esprit du frère ou de la sœur décédés. Dans le vaudouisme haïtien, les jumeaux ont des pouvoirs spéciaux qui peuvent être dangereux. Contre cela, une cérémonie faite au Loa Dossou les empêche de faire du mal. Au Bénin, les jumeaux symbolisent aussi la fertilité.
Amalgame entre vaudouisme et sorcellerie
Malédictions, mauvais oeil, occultisme et sorcellerie tombent dans la catégorie des « Bo », la magie noire liée au vaudouisme.
Cependant, la plupart des anthropologues conviennent que les dirigeants vaudous ont une connaissance pratique du Bo car comprendre son fonctionnement est nécessaire pour le combattre. Par ailleurs, ce sont les sorciers connus sous le nom de botono qui contrôlent des sorts plus sinistres.
Ainsi, il faut savoir que cette forme africaine de vaudou est un précurseur du vaudou pratiqué en Haïti et dans d’autres parties de l’hémisphère occidental. Les régions d’Afrique où le vaudou a prospéré sont également des zones qui ont fait l’objet d’un trafic important pendant la traite des esclaves. En effet, c’est l’esclavagisme qui a amené le vaudou aux Amériques.
À présent, nous allons passer aux origines haïtiennes du vaudouisme et nous examinerons les changements apportés au vaudou de l’autre côté de l’Atlantique.
Les origines haïtiennes du vaudou
Dans les colonies américaines, le vaudou africain est devenu ce que l’on appelle aujourd’hui le vaudou haïtien. En 1492, Christophe Colomb débarqua sur une île connue de ses habitants indigènes (les taïnos) sous le nom d’Ayiti, ou « Terres des montagnes ».
Christophe Colomb rebaptisa cette île Hispaniola, qui signifie « Petite Espagne ». Les colons créèrent des plantations qui deviennent rapidement de riches sources de cultures agricoles comme le sucre, le café et l’indigo (de l’indigotier, plante provenant d’Inde destinée à la teinture). Pour rentabiliser ces plantations, les colons comptaient beaucoup sur le travail des esclaves.
Par la suite, l’île Hispaniola est devenue les deux pays connus sous le nom d’Haïti et de la République dominicaine.
De nombreux esclaves amenés à Hispaniola depuis le nord et le centre de l’Afrique aux XVIe et XVIIe siècles pratiquaient le vaudou. Mais le code des esclaves de la colonie exigeait que tous les esclaves soient baptisés comme chrétiens.
Cette conversion forcée a eu une grande influence sur le vaudou .
Comme les esclaves ne pouvaient pas observer ouvertement leur religion, ils ont emprunté de nombreux éléments au catholicisme pour protéger leur propre pratique spirituelle. Ce processus, appelé syncrétisation, a fortement influencé le vaudou en Haïti.
Rapprochement entre vaudou et christianisme
Plusieurs influences liées au christianisme ont affecté le vaudou :
- Les fêtes religieuses catholiques sont devenues des fêtes vaudou pour le Loa (esprits vaudou) correspondant . Par exemple, la célébration d’une famille d’esprits appelés les Gedes (personnifications d’ancêtres décédés), a lieu le jour de la Toussaint.
- Les croix chrétiennes sont devenues des symboles. Certaines représentent les étapes dans le chemin spirituel des adeptes du vaudouisme.
- Les hymnes et les prières catholiques sont devenus une partie des rituels vaudou.
- Les noms des saints catholiques sont devenus les noms de Loa. Dans de nombreux cas, le rôle du Loa reflétait celui du saint correspondant. Par exemple, Saint-Pierre détient les clés du royaume des cieux et correspond au Loa « Papa Legba », qui est le gardien du monde des esprits.
Le vaudouisme : une religion modulée par effet de créolisation
La forme résultante du vaudou est une religion créolisée, composée de diverses influences issues de nombreuses autres religions. Mais malgré ces ajouts, le vaudou haïtien ressemble fortement au vaudou africain. Les prêtresses et les prêtres, connus sous le nom de mambos et houngans, organisent des services religieux et fournissent des remèdes populaires traditionnels. Les personnes qui souhaitent devenir comme eux entrent souvent en apprentissage en tant qu’initiés avec d’autres dirigeants. En effet, il n’est pas nécessaire de rejoindre un centre de culte à grande échelle. De nombreuses cérémonies ont lieu dans une structure appelée hounfor, qui sert de temple ou de sanctuaire.
Possession et sacrifice
Comme en Afrique, la possession est une partie importante du vaudou en Haïti. La personne possédée est souvent appelée « cheval monté par le Loa ». Cette dernière peut bouger de manière anormale, parler dans des langues inconnues ou faire des déclarations claires et directes aux autres adeptes. Le sacrifice est également important et de nombreuses cérémonies impliquent de sacrifier des chèvres, des poulets ou d’autres animaux. Souvent, la combinaison de la possession, du sacrifice d’animaux, des danses rituelles et de la musique peut sembler effrayante aux observateurs extérieurs. Mais ce ne sont là que rites et pratiques religieuses sans aucune tendance malfaisante.
Les objets du vaudou
Le vaudou haïtien intègre également des vêtements, des objets et des décorations pour invoquer ou montrer le respect pour le Loa. Les paquets de Kongo (ou paquets de médicaments), contiennent des herbes et des objets médicinaux ou curatifs. Les vénérateurs portent des drapeaux dans les lieux de culte pour montrer leur respect aux esprits. Pour appeler et invoquer le Loa, les adeptes haïtiens jouent divers tambours, cloches et crécelles.
Les autels contiennent de nombreux objets liés aux rituels, tels que des bouteilles décorées, des poupées ou des calebasses remplies d’offrandes alimentaires. Les adeptes utilisent les poupées comme médiums pour entrer en contact avec des Loas spécifiques ou avec le monde des esprits en général. Cette pratique n’est pas exécutée pour infliger des douleurs ou des souffrances aux autres, contrairement au « Bo », que nous avons évoqué précédemment.
Aujourd’hui, beaucoup de ces objets font partie de l’art et de l’artisanat haïtiens. Certains artistes haïtiens, par exemple, se concentrent sur la création de représentations de différents Loa élaborés ou d’objets de rituels décorés.
Prêtes vaudou et sorciers bokor
Comme dans le vaudou africain, les mambos et les houngans ne maudissent pas et ne font pas de mal aux autres. Cependant, certains adeptes pensent que les bokors (sorciers), ont la capacité d’utiliser la magie noire pour causer des envoûtements, des malheurs ou des blessures. D’autres croient qu’un bokor peut utiliser des poisons et capturer l’âme d’une personne pour créer un zombie. Cependant, bien que l’idée soit répandues, les zombies ne font pas partie de la pratique vaudou.
Importance du vaudouisme dans les révoltes haïtiennes
Le vaudou est une partie importante de la vie quotidienne de nombreux Haïtiens. Les estimations varient, mais en général, les anthropologues pensent que plus de la moitié des Haïtiens pratiquent le vaudouisme. La religion a également joué un rôle important dans l’histoire haïtienne. La Révolution française de 1789 a déclenché des révolutions ailleurs dans le monde, y compris dans plusieurs colonies des Amériques. En 1791, un prêtre vaudou a célébré une cérémonie au Bois-Caïman dans les montagnes haïtiennes. Cette cérémonie a précédé une révolte d’esclaves qui a duré jusqu’en 1804 (date d’indépendance du pays). Le peuple d’Haïti a combattu des armées d’Espagne, de France et de Grande-Bretagne. Finalement, Haïti est devenue la première colonie noire libre des Amériques. Cette cérémonie et son importance sont quelque peu controversées, mais elles font désormais partie de la tradition haïtienne.
Variations sur le vaudouisme
Le vaudouisme est pratiqué ouvertement en Haïti. Cette religion existe également sous diverses formes à La Nouvelle-Orléans et dans le sud-est des États-Unis. Dans certains cas, le vaudou adopté dans d’autres parties de l’hémisphère occidental est mélangé à d’autres traditions similaires, pratiques païennes ou autres coutumes. Cependant, dans certaines régions, les acts magiques populaires connues sous le nom de hoodoo ont dépassé le vaudou aux yeux du public. La sorcellerie, l’occultisme, les malédictions et les méthodes de vengeance tombent généralement sous l’égide du hoodoo. Elles ne font pas partie du vaudouisme.
La confusion avec hoodoo n’est qu’une des raisons pour lesquelles le vaudoo est controversé.