La dagyde : une petite effigie de cire aux grands pouvoirs magiques
Il y a quelques années, une entreprise a commercialisé une dagyde à l’effigie d’un de nos anciens présidents. À l’époque, j’avais trouvé cette affaire fortement médiatisée, un peu surréaliste. J’étais alors loin de comprendre la puissance de ce genre de figurine de cire qui intervient dans les rituels magiques et que l’on appelle « dagyde ». Aujourd’hui, je suis évidemment plus au fait des puissances œuvrant au cœur de l’ésotérisme.
J’ai donc conscience que le risque de porter atteinte à ce haut personnage politique était bien réel. La cour d’appel, en autorisant finalement la commercialisation de la poupée, en a jugé autrement. Pourtant, les dagydes sont dépositaires d’une puissante énergie qui peut être bénéfique ou maléfique.
Partons aujourd’hui à la rencontre de ces ensorcelantes poupées qui ne sont peut-être pas aussi anodines qu’elles en ont l’air.
Les dagydes : des poupées bien particulières
Quelle est l’origine du mot « dagyde » ?
Si vous ne connaissez pas le terme de dagyde, peut-être que vous serez plus familier avec celui de « poupée vaudoue« . Cependant, il serait un peu réducteur de limiter cet objet uniquement à la pratique africaine. En effet, le terme même de « dagyde« nous indique son origine occidentale.
Ce mot vient de « dagos » qui signifie « poupée » en grec. Il est d’ailleurs relativement récent puisqu’il date seulement du milieu du XIXe siècle. Auparavant, le mot « voult » désignait les effigies magiques. Celui-ci tire son origine du latin « vultus » qui signifie « visage ». D’ailleurs, on retrouve le mot « voult » dans la tradition chrétienne, sous la forme entre autres de « Saint-Voult ».
Celui-ci est la traduction de « Volto Santo », le nom d’un immense crucifix miraculeux élevé à Lucques (ville située en Italie, dans la région de Toscagne).
La dagyde, bien plus qu’une poupée vaudoue
La dagyde est donc une poupée généralement en cire, mais elle peut aussi être en terre, en bois ou en tissu. Celle-ci représente symboliquement l’individu auquel on destine le sort. Pour son utilisation à des fins magiques, elle doit contenir un élément biologique appartenant à la personne ciblée. Pour cela, les sorciers se servent de cheveux, d’ongles, de morceaux de peau, etc. Cependant, s’il n’est pas possible d’obtenir ce « don » de la personne, on associe alors à la poupée le nom ou une photo de cette dernière. La figurine étant destinée à jeter un sortilège, elle peut être percée d’aiguilles, coupée ou encore brûlée sur certaines parties. Suivant l’endroit visé, cela indique la façon dont le jeteur de sorts souhaite atteindre la personne. Ainsi, en magie rouge, une aiguilles placée au niveau du cœur a pour but de détourner l’amour de la personne visée.
Une silhouette qui nourrit l’imaginaire des hommes depuis des millénaires
Des poupées jeteuses de sorts très anciennes
L’utilisation des dagydes remonte à plusieurs millénaires et date au moins de l’Antiquité. En effet, les fouilles du sanctuaire d’Isis et de Master Magna, un lieu de culte situé à Mayence (Allemagne), ont mis au jour des dagydes qui étaient donc utilisées dans les premiers siècles de notre ère. Des tablettes de défixion les accompagnaient ou non. Ces supports en plomb, sur lesquels on gravait des sorts maléfiques, étaient très courants dans l’Antiquité, comme en témoigne la pléthore de vestiges dont on dispose aujourd’hui. Cependant, les dagydes représentent l’un des objets les plus communs en sorcellerie. Il est donc logique de supposer qu’elles faisaient déjà partie des rituels des hommes du paléolithique.
Une dagyde au Musée du Louvre
Le Musée du Louvre expose l’une des dagydes les plus connues. Fabriquée en argile et en bronze, elle représente une femme agenouillée, percée de treize épingles.
Leur emplacement correspond à des endroits particulièrement symboliques comme les yeux, la bouche ou encore les pieds.
La statuette et sa tablette de défixion ont été découvertes dans un vase en terre cuite. L’ensemble date du IVe siècle de notre ère.
Les dagydes du Moyen Âge à nos jours
Plus près de nous, des fouilles dévoilent régulièrement des exemplaires de dagydes dans différentes régions d’Europe.
Les plus anciens datent du XIIIe siècle. Aujourd’hui, le rôle de ces figurines varie d’une tradition à une autre. Par exemple, contrairement à ce que laisse supposer l’appellation « poupée vaudoue », dans ladite tradition, elles ne servent pas à jeter des sorts maléfiques. En fait, elles font office d’offrande à Erzulie, déesse de la beauté et de l’amour.
Les jeteurs de sorts ou « bokors » utilisent plutôt des wangas qui ont la forme de paquets entourés de ficelles. Cependant, ces sorciers vaudous créent aussi des talismans, car ils excellent autant dans la magie noire que dans la magie blanche.
C’est aussi le cas pour les magiciens européens. En effet, ceux-ci fabriquent des dagydes aussi bien à des fins d’envoûtement que de désenvoûtement.
Les figurines de cire de la Wicca
Dans la Wicca, les sorcières emploient des dagydes à des fins essentiellement bénéfiques. Elles les façonnent le plus souvent dans de la cire. La figurine doit ressembler le plus possible à la personne à laquelle elle est destinée. Cependant, le but n’est pas d’en faire une œuvre d’art. Il est possible, par exemple, d’y apposer une photo pour bien identifier son destinataire. De plus, en y incluant des cheveux ou un bout d’ongle lui appartenant, cela la rend plus vivante. Enfin, pour garantir son efficacité, l’effigie devra aussi être nue et sexuée, et ce, sans aucune ambiguïté.
Si certaines Mages transpercent la figurine, ce n’est pas du tout pour faire du mal à la personne qui fait l’objet du sort. Bien au contraire, il s’agit de renforcer l’effigie avec un fluide qui va concentrer les influences planétaires. Le sorcier intégrera celui-ci par le biais d’un morceau de coton.
Cependant, cette pratique ne fait pas l’unanimité chez les magiciens de la Wicca. Certains pensent que cela affaiblit la figurine et dénature le sort en lui-même. Si, dans la tradition wiccane, la dagyde en cire a majoritairement un rôle de guérison ou de désenvoûtement, il arrive cependant dans de rares cas qu’elle serve à des fins maléfiques.
Comment fabriquer une poupée magique ?
Le choix du matériau de base
Selon la tradition à laquelle appartient le jeteur de sorts, la dagyde peut être fabriquée dans différents matériaux. Le plus courant reste cependant la cire d’abeille. Dans la tradition cabalistique, il est recommandé d’y mélanger un tiers d’argile rouge. Cet apport ne tient probablement pas du hasard. Rappelons-nous que, dans la bible, comme dans un grand nombre d’autres traditions religieuses, Dieu façonne l’homme avec de l’argile. Cependant, pour créer votre dagyde, il est tout à fait possible de choisir d’autres matériaux. Un morceau de tissu comme de la feutrine par exemple, peut très bien faire l’affaire. Dans la magie chinoise, les sorciers se contentent même d’une simple feuille de papier.
Comment modeler une poupée magique en cire ?
Pour fabriquer une dagyde à base de cire, vous avez deux possibilités : soit utiliser un moule, soit modeler vous-même la matière. Vous pouvez acheter de la cire en bloc ou en feuilles, ou utiliser des bougies. Quelle que soit la méthode choisie, vous devez en avoir suffisamment pour réaliser une dagyde d’au moins 15 cm de haut. Il s’agit de la taille minimale pour pouvoir la prendre en main. Si vous utilisez un moule, faites fondre la cire dans une petite casserole et versez-la dans ce dernier. Sinon, vous pouvez simplement rendre la cire malléable en la chauffant avec vos mains.
Intensifier votre rituel avec des minéraux et des végétaux
Au cours de la fabrication de votre dagyde, vous pouvez vous enduire vos mains avec une huile essentielle ou consacrée. Vous la choisirez en accord avec l’objectif que vous souhaitez atteindre. Des huiles essentielles de lavande, purifiante, de tea-tree, assainissante ou de bois de rose, excellente pour les problèmes de peau, ne sont là que quelques exemples de ce que vous pouvez employer. En cours de fabrication, placez quelques rognures d’ongles, des cheveux ou encore des fluides corporels dans la poitrine de la poupée. Il est également possible d’y mettre une petite pierre correspondant au chakra du cœur. Pour cela, orientez-vous vers des pierres vertes ou roses comme le jade, la malachite ou le quartz rose. Complétez éventuellement la fabrication de votre dagyde en y gravant des symboles chamaniques, astrologiques, cabalistiques, etc.
La dagyde : un objet magique à ne surtout pas sous-estimer
Pourquoi utiliser une figurine à des fins magiques ?
La dagyde représente un objet sur lequel il est facile de se concentrer. C’est là tout l’intérêt de sa présence au sein d’un rituel magique. De plus, comme, d’une part, on la modèle à l’image de la personne qui fait l’objet du sort et qu’en plus, on incorpore au cours de sa fabrication des éléments corporels lui appartenant, cela facilite d’autant plus l’identification de celle-ci. Une fois que le sorcier la tient en main, il est très aisé d’imaginer combien cet objet va pouvoir concrétiser la puissance de la haine contre quelqu’un. De la même façon, en magie blanche amour (retour affectif pour récupérer un ex par exemple), elle va permettre de concentrer toutes les forces bénéfiques à votre disposition et cela décuplera l’efficacité d’un retour amoureux positif.
Une puissance maléfique ou bénéfique
Pour les jeteurs de sort qui trouvent un malin plaisir à jouer avec leurs victimes, la dagyde leur offre un support de choix. Ils peuvent ainsi, à un moment, s’amuser à percer le ventre de la figurine pour déclencher des troubles digestifs. Un autre jour, ils choisiront d’enfoncer des aiguilles dans ses yeux pour embrumer la vue de leur victime et lui ôter toute clarté.
Fort heureusement, ce type de pratique est rare. De plus, des rituels de magie blanche de désenvoûtement peuvent efficacement inverser le processus. Dans ceux-ci, la consécration de la dagyde annulera l’envoûtement néfaste.
« Le contresigne est strictement l’envoûtement retourné, c’est-à-dire la manœuvre de l’attaque répétée par la défense, le même mouvement stratégique, dirigé contre celui qui en eut l’initiative. Par exemple, contre l’envoûtement par le dagyde, il faut construire soi-même un autre dagyde. » Extrait du livre « Le satanisme et la magie », Jules Bois, 1895.
Quand la dagyde s’invite dans les rituels
Effectuer un rituel de désenvoûtement avec une figurine magique
Si, en magie noire, la dagyde peut servir à envoûter une personne, en magie blanche, elle est également susceptible de la libérer de ce sort maléfique.
Pour cela, il est nécessaire de recourir à un sort de désenvoûtement. Commencez par préparer votre figurine en pensant à la personne à désenvoûter. Une fois celle-ci terminée, neutralisez la matière que vous avez utilisée pour la fabriquer. En effet, des énergies parasites sont susceptibles d’interférer avec votre action.
Pour cela, passez votre poupée sept fois dans de la fumée de sauge blanche amérindienne ou d’encens de sauge.
Pour le rituel de désenvoûtement, vous pouvez utiliser des clous de girofle que vous intégrerez aux éléments corporels de la dagyde ou l’enduire avec l’huile essentielle correspondante. Allumez des bougies, puis appelez à vous les forces de magie blanche qui vous sont familières : esprits, anges, guides, etc. En vous concentrant sur la dagyde, récitez une incantation de désenvoûtement. Prenez ensuite le temps qu’il faut pour laisser agir les énergies positives. Signalez la fin du sort en éteignant les bougies. Celui-ci peut être effectué à n’importe quel moment. Cependant, sa puissance sera décuplée lorsque la lune décroît.
Un rituel de magie rouge pour renforcer l’amour
Pour rappel, la magie rouge est la branche de la magie consacrée aux sentiments amoureux. Avec une dagyde, il est possible de mettre en place différents rituels de magie rouge pour aider une personne à trouver l’amour, pour le consolider ou encore pour faire revenir l’être aimé. En voici un exemple dont le but est de renforcer l’union au sein d’un même couple ou de garantir la réussite d’un mariage. Pour cela, vous pouvez soit utiliser deux dagydes représentant chacune l’un des partenaires, soit en fabriquer une représentant le couple uni par des liens de cire. Bien sûr, vous n’omettrez pas de placer dans chacun des personnages des éléments physiques (cheveux, ongles…) qui leur correspondent.
Avant de prendre la dagyde en main, vous pourrez tremper celle-ci dans une décoction d’herbes magiques en rapport avec votre but. Gravez les prénoms des deux amoureux sur la dagyde. Placez-la ensuite sur une photo représentant le couple uni. Si vous n’en possédez pas, vous pouvez utiliser une photo de chacun des protagonistes. Vous devrez juste être attentif à les positionner de sorte qu’ils se regardent l’un l’autre.
Ensuite, vous pouvez, suivant vos habitudes, réciter une prière ou une incantation, la passer dans une fumée d’encens, etc. Pour obtenir un résultat, vous devrez renouveler l’opération régulièrement durant au moins deux semaines.
Les dagydes pour effectuer un rituel de protection
Pour appliquer le vieil adage, « il vaut mieux prévenir que guérir », vous pouvez aussi vous servir d’une dagyde pour vous protéger du risque d’envoûtement. Ce rituel de protection peut également être très efficace contre la maladie ou tout autre danger susceptible de vous menacer. Pour cela, la première étape consiste toujours à exorciser la matière dans laquelle vous avez modelé la dagyde avec de la fumée de sauge ou de l’encens. Baptisez-la ensuite en y gravant votre nom et votre prénom ou ceux de la personne destinataire du rituel. Vous avez également la possibilité de la nommer en répétant clairement à haute voix les patronymes de la personne tout en faisant le signe de croix au-dessus.
Vous pouvez entourer la statuette d’herbes de protection comme du romarin, de l’ail ou du basilic, ou des épices comme de la cannelle ou du gingembre. Placez celle-ci dans un triangle ou dans un dispositif contenant trois éléments.
Par exemple, vous pouvez mettre une pièce en bois dans son dos et un miroir bombé en face d’elle. Une pointe de cristal de roche matérialisera la troisième pointe du triangle. Il vous restera ensuite à exprimer votre intention de protection, soit par une phrase, une incantation ou par toute autre action qui vous est habituelle.
La pratique de ce rituel de protection est conseillée une fois par an. Si vous sentez que vous êtes sujet à des attaques maléfiques ou si vous en ressentez simplement le besoin, vous pouvez en augmenter la fréquence.
La véritable pouvoir de la dagyde est celui qu’on lui donne
Si la dagyde est encore trop souvent associée de nos jours à la magie noire, il est essentiel de se rappeler qu’il s’agit aussi d’un attribut puissant en magie blanche. Cette image négative provient probablement du monde cinématographique. En effet, celui-ci, à grands renforts d’effets spéciaux, va jusqu’à donner vie à ces poupées pour qu’elles servent de noirs desseins. Il serait temps d’ouvrir notre esprit pour comprendre que dans la magie, comme dans toute chose, il y a un côté pile et un côté face. Cela permettrait de remettre la dagyde à sa vraie place : celle d’une figurine neutre au départ et dont l’utilisation bénéfique ou maléfique n’est décidée, en fin de compte, que par le sorcier qui s’en sert.