Christianisme et vaudou
Pour comprendre le vaudou en tant que religion, il faut connaitre son histoire.
Désormais, vous savez qu’Haïti est devenue une figure éminente du vaudouisme en raison de son héritage culturel et religieux africain (voir l’article sur l’histoire du vaudou) . En effet, l’esclavagiste du XVIe siècle dirige les Africains vers les Antilles pour les faire travailler comme esclaves dans les plantations. C’est à cette époque qu’ils apportent leur religion avec eux.
Malgré leurs traditions majoritairement orales, le vaudouisme a su préserver ses croyances fondamentales qui ont un lien étroit avec le christianisme. Nous allons voir pourquoi.
Le point de vue du christianisme
Comprendre l’héritage africain de la culture vaudou est important pour déterminer l’approche évangélique de cette religion. Un dialogue ouvert doit commencer par la reconnaissance des valeurs religieuses et culturelles qui ne peuvent être comprises sans une étude, une analyse et un discernement approfondis.
Une culture complexe
L’église définit la culture vaudou comme complexe, comprenant des savoirs, des croyances, de l’art, et des coutumes. D’après elle, il est nécessaire de comprendre le vaudou pour proposer une réponse biblique pertinente. Ainsi, les chrétiens ne rejettent pas la culture vaudou. Par ailleurs, selon le christianisme, le vaudou doit être soigneusement étudié pour discerner les domaines de compatibilité et les différences irréconciliables. Le point de vue chrétien stipule aussi qu’il ne faut jamais avoir une vision culturelle de ce qui est biblique, mais plutôt l’inverse. D’après l’église, le vaudouisme ne devrait pas échapper à un tel examen par peur de perdre son identité culturelle.
L’échec du syncrétisme vaudou
Une grande partie de l’évaluation du vaudou par le christianisme se concentre sur le concept de syncrétisme (combinaison de religions). On base son échec sur une comparaison superficielle des rituels et de certains comportements empruntés ou transférés d’une religion à une autre. De ce fait, la différence entre les deux religions s’accentue davantage.
L’indifférence chrétienne
Le 12 janvier 2010, un tremblement de terre dévastateur a causé la pire catastrophe de l’histoire haïtienne. Près de 280 000 personnes ont perdu la vie. Le lendemain, un éminent dirigeant évangélique aux États-Unis a fait une déclaration : ses paroles lient le tremblement de terre à un « pacte » que les Haïtiens auraient conclu avec le diable. Plus tard, d’autres commentaires semblables choquent la majorité et entrainent une indifférence totale parmi la plupart des chrétiens évangéliques, ce qui conduisit Haïti à de fortes perturbations.
Un ou plusieurs dieux ?
Une base monothéiste…
Selon la littérature et comme l’affirme Max Beauvoir (célèbre chef spirituel haïtien), le vaudou est une religion qui croit en un seul Dieu : l’Être suprême (le Gran Met). Mais le christianisme ne semble pas être d’accord avec ce monothéisme apparent. En effet, les Loas (les nombreuses divinités vaudou) servent d’intermédiaires entre les humains et cet Être suprême, ce qui laisse à penser que le vaudou est plus polythéiste qu’il n’y paraît.
Pour tout dire, les divinités vaudou se substituent régulièrement au Gran Met. On les vénère à sa place, contrairement aux anges.
Il faut savoir que la foi chrétienne interdit l’adoration de tout autre dieu, comme indiqué dans le tout premier commandement « tu n’auras pas d’autres dieux devant ma face ». Cette interdiction d’adoration multiple s’applique également aux anges et aux humains décédés.
Ainsi, l’idée de divinités mineures comme intermédiaires est incompatible avec le christianisme. De ce fait, le Gran Met n’est donc pas un Dieu similaire à celui de la Bible.
… mais une religion polythéiste
On ne peut contester les similitudes entre le vaudou et la religion traditionnelle africaine. En fait, il s’agit bien de la même religion avec des variations influencées par le syncrétisme, la créativité et d’autres expériences aussi diverses que nombreuses. Les doctrines fondamentales correspondent à la croyance en un Être suprême et en l’adoration d’autres divinités secondaires. Ainsi, dans le vaudouisme, plusieurs dieux sont capables d’agir dans de nombreux domaines. Par exemple, le dieu Loco guérit grâce à des remèdes naturels, notamment pour combattre les symptômes liés à la sorcellerie. Une analyse minutieuse conduit à la conclusion que le vaudou est une religion polythéisme.
Les pratiques vaudou non codifiées
L’une des difficultés dans la définition des croyances vaudou tient à l’absence de textes. L’inexistence d’une source standard d’autorité qui expliquerait ses doctrines accroît le problème. En effet, les croyances et pratiques du vaudou passent d’une génération à l’autre par la tradition orale. En l’absence d’autorité normative, le relativisme s’incarne à la fois dans les croyances et dans les pratiques vaudou.
Jusqu’à la publication de « La Priyè Ginen » et « Recueil de Chants Sacrés » de Max Beauvoir, aucun texte ne pouvait être évalué pour déterminer l’autorité fondamentale derrière les croyances et les pratiques du vaudou.
De plus, la manière d’adorer dans le vaudouisme implique l’utilisation de symboles divins. De telles pratiques violent la foi biblique, qui stipule qu’aucune représentation de Dieu ne doit être faite comme moyen d’adoration. Pour les chrétiens, le caractère de Dieu tel que révélé dans la Bible est la base de la moralité. Les commandements et les enseignements des Écritures fournissent une morale claire. Cependant, dans le vaudouisme, l’absence de norme de doctrine écrite pourrait laisser croire à une absence de normes éthique.
Les différences
Comme nous l’avons vu, il existe des différences fondamentales entre le vaudou et le christianisme qui les rendent inconciliables. La croyance chrétienne en un seul Dieu digne d’adoration est contraire au concept vaudou du Gran Met. On adore ce dernier à travers un panthéon de divinités mineures qui inclut l’esprit des parents décédés. La croyance intègre également l’adulation des dieux de l’Afrique et des Loas d’Haïti. De plus, les pratiques de nécromancie et de divination sont interdites dans le christianisme.
Les similitudes
Mais il existe, que nous le voulions ou non, une certaine forme de relation entre les deux religions. Le vaudou emprunte de nombreux éléments et principes au catholicisme. Cela permet d’afficher une certaine connivence entre les deux religions.
Par ailleurs, le vaudou et le christianisme partagent divers dates, fêtes, événements et personnages. De plus, fait très important, beaucoup de chrétiens catholiques sont devenus vodouisants (adeptes du vaudouisme) et beaucoup de vodouisants sont catholiques. Ce phénomène humain de croyance partagée devrait à lui seul réconcilier les deux religions.
En conclusion, nous pouvons parler de croyance double permettant de raccorder avec un fil invisible christianisme et vaudouisme.
De nombreux autres dossiers sur les pratiques ésotériques
En somme, le parcours à travers ces dossiers ésotériques nous révèle la richesse de notre patrimoine spirituel, qu’il soit chamanique, druidique, ésotérique ou encore vaudou. Ces traditions millénaires, qui continuent d’évoluer et de s’adapter à notre époque, nous invitent à redécouvrir notre rapport intime avec la nature et l’univers, à élargir notre perception du réel et à approfondir notre connaissance de soi. Elles nous rappellent aussi que la spiritualité n’est pas uniquement une affaire de croyances, mais également de pratiques, de rituels et de communautés. En continuant à explorer ces dossiers, nous continuerons d’apprendre et de grandir. N’oublions jamais le pouvoir de notre esprit, et n’hésitons pas à plonger encore plus profondément dans ces mystères fascinants.
Depuis son apparition en Haïti, le vaudou s’est rapidement répandu. Les esclaves transportés d’Haïti vers le delta du Mississippi ont emporté leurs traditions avec eux, et le vaudou s’y est amplement développé. Aujourd’hui, les gens pratiquent ouvertement diverses formes de vaudou en Haïti. Pourtant, il s’effectue le plus souvent secrètement dans les autres parties du monde car il implique de nombreuses controverses liées aux sacrifices animaux, à la possession, aux idées sur la mort, ou encore à la santé publique.
Pourquoi autant de controverses autour du vaudou ?
Dans de nombreuses régions du monde occidental, les gens voient le vaudou avec méfiance. En effet, certaines personnes croient que cette religion est une représentation du mal ou que cela encourage l’adoration du diable. Dans certains pays, les missionnaires font un effort délibéré pour convertir la population de la pratique vaudou au christianisme.
De 1915 à 1935, le Corps des Marines des États-Unis (USMC) occupe Haïti. Pendant et après cette période, Haïti devient le décor de livres et de films. Ces derniers dépeignaient souvent le vaudou comme sinistre, cruel et sanglant. White Zombie, un film sorti en 1932, décrivaient les prêtres vaudous en tant que malfaiteurs qui transformaient des innocents en zombies.
À peu près à la même époque, le hoodoo (qui inclut à la fois magie wicca et magie noire) est devenu courant dans certaines parties des États-Unis, notamment à La Nouvelle-Orléans.
Auparavant, cette ville de Louisiane avait une communauté vaudou florissante dirigée par deux soeurs connues sous le nom Laveau. L’une d’elles disparut à la fin des années 1870 et l’autre, Marie Laveau est morte en 1881.
Sous leurs successeurs, la communauté vaudou s’est éclatée, elle est devenue moins visible au public.
Au même moment, quelques commerçants monnayent des breloques et des bibelots hoodoo dans toute La Nouvelle-Orléans. Finalement, le hoodoo, avec ses malédictions et ses sorts, est devenu synonyme de vaudou dans de nombreuses régions du sud.
Sacrifices et possession vaudou
Dans la perception du public, le culte vaudou est sombre et dérange. Il faut dire que le vaudouisme comprend des activités qui sont taboues dans d’autres religions. En effet, de nombreuses cérémonies impliquent le sacrifice d’animaux vivants, l’utilisation de leur sang ou de leurs carcasses séchés. Bien que cela fasse partie des principales religions, y compris le judaïsme, le sacrifice animal n’est plus couramment pratiqué aujourd’hui.
Par ailleurs, les serpents, que beaucoup de gens trouvent effrayants, jouent également un rôle dans certaines cérémonies et surtout dans le symbolisme vaudou. Par exemple, en Haïti, ils sont associés à l’un des Loas les plus puissants, connu sous le nom de Damballah. Pour cette raison, les adeptes utilisent souvent des images du Saint Patrick catholique qui incorporent des serpents pour représenter Damballah.
L’idée de possession spirituelle est gênante pour de nombreuses personnes, mais elle a également sa place dans d’autres religions.
Par exemple, dans le bouddhisme tibétain, les dieux peuvent habiter temporairement les corps des oracles. En effet, selon la tradition tibétaine, la divinité protectrice Dorjé s’est incarnée dans le corps d’un moine bouddhiste.
Ce dernier a enseigné avec succès au Dalaï-Lama comment échapper aux forces chinoises au Tibet en 1959.
La controverse sur la santé
Une autre préoccupation concerne la santé publique. En effet, dans certaines cérémonies vaudou, les adeptes peuvent se blesser en signe de foi ou en démonstration de la puissance d’un Loa. Les fidèles peuvent saigner librement sur des autels ou sur des objets sacrés. Les responsables de la santé publique affirment que cela peut encourager la propagation de maladies. Cependant, de nombreux leaders vaudous, en particulier dans les zones rurales, offrent des conseils médicaux et des remèdes populaires. Parfois, ces conseils vont à l’encontre de la pensée médicale établie vis-à-vis de la propagation de maladies. Mentionnons que le VIH et d’autres maladies transmises par contact avec du sang infecté sont concernés.
Controverse sur la mort
Enfin, il faut savoir que la mort est une partie substantielle de la religion vaudou. En effet, les esprits des ancêtres décédés, des dirigeants et d’autres personnes importantes sont au cœur de la pratique vaudou. Les critiques soutiennent que l’accent mis sur l’apaisement des ancêtres morts crée une culture de la peur. Les partisans rétorquent que de nombreuses autres religions ont mis le même accent sur l’apaisement des dieux. De plus, étant donné que la mort est un sujet qui met les gens mal à l’aise, il est logique qu’une tradition religieuse qui embrasse la mort puisse ainsi susciter autant de controverse.
Alors que le vaudou n’a pas grand-chose à voir avec la plupart des aspects néfastes que les gens lui associent, les stéréotypes qui l’entourent ont une certaine base dans la pratique réelle du vaudou.
Autres religions proches du vaudou
Le vaudou n’est pas la seule religion issue de la combinaison des formes de culte chrétiennes et traditionnelles africaines. Santeria, originaire de Cuba, présente de nombreuses similitudes avec le vaudou. À ce propos, à Santeria, on nomme Orisha les Loas. Pour cette raison, le culte d’Orisha est parfois utilisé comme euphémisme pour Santeria ou Vaudou. Le culte de Santeria et de l’Orisha existe encore aujourd’hui, en particulier à Cuba et dans les pays vers lesquels les Cubains ont immigré.