Le vaudou : histoire, rituel et vérité

vaudou

Quand on entend le mot vaudou, c’est souvent dans un sens négatif. On y joint facilement le mal, la magie noire et autres représentations de sorcellerie maléfiques. 

Beaucoup de gens mentionneraient également les poupées avec des épingles plantées dans le corps, parleraient aussi de possession et de sacrifice animal.

Mais, en réalité, le vaudou est-il réellement cela ? 

En fait, ce terme cache une toute autre réalité qui trouve ses racines en Afrique. Explorons ensemble ce monde qui échappe à sa propre réalité…

Qu’est-ce que le vaudou ?

Le vaudou constitue une religion monothéiste souvent mal comprise par notre époque. Commun en Haïti et à La Nouvelle-Orléans, le vaudou fusionne les croyances catholiques et africaines. Cela forme un ensemble unique de pratiques comprenant des rituels, des dieux, des objets spécifiques (poupée vaudou) et des dessins symboliques.

Le vaudouisme

vaudouisme

Le vaudou, également écrit « Vaudoo », correspond à une religion qui mélange différentes influences. Elle combine le christianisme et les croyances africaines indigènes. Ces personnes viennent particulièrement des peuples de la région du Dahomey en Afrique de l’Ouest (la nation moderne du Bénin).

On doit savoir que le vaudouisme est principalement pratiqué en Haïti, à La Nouvelle-Orléans et ailleurs dans les Caraïbes. Cette religion a commencé son expansion lorsque les esclaves africains ont véhiculé leurs traditions autochtones avec eux alors qu’ils étaient transportés vers le continent américain. 

Cependant, on leur interdisait de pratiquer leur religion. Pour contourner ces restrictions, les esclaves ont commencé à assimiler leurs dieux aux saints catholiques. Ils effectuèrent leurs rituels en utilisant des objets et des images de l’Église.

Un seul dieu suprême

Les adeptes du Vaudou (connus sous le nom de Vodouisants) croient en une divinité suprême qui peut être assimilée au Dieu catholique. Cette divinité est connue sous le nom de Bondye, qui veut dire « le Bon Dieu ».

Ce dieu principal, qui détient une immense puissance, se tient hors de portée des adeptes ordinaires. Pour cette raison, les pratiquants du vaudou doivent compter sur des dizaines d’autres esprits pour communiquer avec leur dieu.

 

Plusieurs esprits

dieux vaudou

Des esprits vaudou s’établissent dans une certaine hiérarchie. Des esprits importants et puissants existent, dont beaucoup célèbrent leurs propres événements. On compte aussi des esprits mineurs, qui jouent divers rôles dans différentes régions. Les communautés et même les familles ont leurs propres êtres. Ces entités reçoivent leur pouvoir de Dieu et communiquent avec lui au nom des disciples.

Ainsi, les Vodouisants acceptent également l’existence de ces êtres inférieurs, qu’ils appellent Loa ou Lwa. Ceux-ci sont plus intimement impliqués dans la vie de tous les jours. Les croyants fournissent de la nourriture et d’autres articles qui font appel aux Lwas en échange de leur aide. Ces êtres sont fréquemment invités à posséder un croyant pendant le rituel afin que la communauté puisse interagir directement avec eux. 

Les prêtres vaudou et sorciers bokor

Les Manbos et les Houngans

Les prêtresses et les prêtres, connus sous le nom de mambos et houngans, organisent des services religieux et fournissent des remèdes populaires traditionnels. Les personnes qui souhaitent devenir comme eux entrent souvent en apprentissage en tant qu’initiés avec d’autres dirigeants. En effet, on peut éviter de rejoindre un centre de culte à grande échelle. De nombreuses cérémonies ont lieu dans une structure appelée hounfor, qui sert de temple ou de sanctuaire.

Les Bokors

Comme dans le vaudou africain, les mambos et les houngans ne maudissent pas et ne font pas de mal aux autres. Cependant, certains adeptes pensent que les bokors (sorciers), ont la capacité d’utiliser la magie noire pour causer des envoûtements, des malheurs ou des blessures. D’autres croient qu’un bokor peut utiliser des poisons et capturer l’âme d’une personne pour créer un zombie. Cependant, bien que l’idée soit répandue, les zombies ne font pas partie de la pratique vaudou.

Prise de contrôle : la possession

comportement d'une personne envoûtée en colère

Comme en Afrique, la possession est une partie importante du vaudou en Haïti. On appelle la personne possédée « cheval monté par le Loa ». Cette dernière peut bouger de manière anormale, parler dans des langues inconnues ou faire des déclarations claires et directes aux autres adeptes. Par ailleurs, elle peut présenter certains symptômes d’un envoûtement et ainsi avoir le comportement d’une personne envoûtée.

Le Loa déplace temporairement l’âme de son hôte — appelé médium —, et prend le contrôle du corps de ce dernier. Selon cette croyance, le médium ne peut pas ressentir de douleur ou se blesser lorsqu’il est possédé. Le Loa parle à travers cet intermédiaire, donnant souvent des instructions, des conseils ou des prophéties d’évènements futurs. Parfois, un Loa reproche à ses adeptes de ne pas s’acquitter de leurs devoirs envers lui, leur famille ou leur communauté. Par ailleurs, dans certaines traditions vaudou, quelques personnes choisies ont le privilège de devenir possédées. Dans d’autres, le Loa peut choisir de posséder n’importe qui et à tout moment.

Cette idée que des esprits puissants ou influents peuvent posséder des gens, unit deux formes distinctes de vaudou. 

  • L’un existe principalement dans les parties nord et centrale de la côte ouest-africaine.
  • L’autre est pratiqué principalement en Haïti, ainsi que dans certaines régions d’Amérique du Nord et du Sud.  
rituel vaudou

Par exemple, les rituels des Lwas Rada et Petro utilisent à la fois la magie blanche défensive et offensive et peuvent aider à obtenir justice pour une personne qu’on a lésée. Le rituel de possession, qui apparaît dans le rituel Petro, constitue le moyen le plus important de relier les esprits ou les ancêtres aux êtres humains.

Ce qu’on appelle « une crise de possession » apparaît lorsque le pratiquant vaudou se trouve dans une situation de mariage avec un Loa et devient son « cheval ». La personne possédée souffre d’amnésie, qui s’explique par le fait qu’on ne peut pas être à la fois divin et humain. Cette crise de possession apparaît généralement dans une cérémonie appelée Manger-Loa et constitue l’événement majeur de la cérémonie vaudou.

Le sacrifice

Le sacrifice revêt aussi une grande importance et de nombreuses cérémonies impliquent de sacrifier des chèvres, des poulets ou d’autres animaux. Dans de nombreux cas, la combinaison de la possession, du sacrifice d’animaux, des danses rituelles et de la musique peut sembler effrayante aux observateurs extérieurs. Mais ce ne sont là que rites et pratiques religieuses sans aucune tendance malfaisante.

Les objets du vaudou

Le vaudou haïtien intègre également des vêtements, des objets et des décorations pour invoquer ou montrer le respect pour le Loa. Les paquets de Kongo (ou paquets de médicaments), contiennent des herbes et des objets médicinaux ou curatifs. Les vénérateurs portent des drapeaux dans les lieux de culte pour montrer leur respect aux esprits. Pour appeler et invoquer le Loa, les adeptes haïtiens jouent divers tambours, cloches et crécelles.

paquet de kongo

Les autels contiennent de nombreux objets liés aux rituels, tels que des bouteilles décorées, des poupées ou des calebasses remplies d’offrandes alimentaires. Les adeptes utilisent les poupées comme médiums pour entrer en contact avec des Loas spécifiques ou avec le monde des esprits en général. Cette pratique n’est pas exécutée pour infliger des douleurs ou des souffrances aux autres, contrairement au « Bo », que nous avons évoqué précédemment.

Aujourd’hui, beaucoup de ces objets font partie de l’art et de l’artisanat haïtiens. Certains artistes haïtiens, par exemple, se concentrent sur la création de représentations de différents Loa élaborés ou d’objets rituels décorés.

L’histoire du vaudouisme

 

Les origines haïtiennes du vaudou

Dans les colonies américaines, le vaudou africain est devenu la forme de vaudou pratiquée en Haïti. En 1492, Christophe Colomb débarqua sur une île connue de ses habitants indigènes (les taïnos) sous le nom d’Ayiti, ou « Terres des montagnes ». 

Christophe Colomb rebaptisa cette île « Hispaniola », qui signifie « Petite Espagne ». Les colons créèrent des plantations qui deviennent rapidement de riches sources de cultures agricoles, comme le sucre, le café et l’indigo (de l’indigotier, plante provenant d’Inde destinée à la teinture). 

Pour rentabiliser ces plantations, les colons comptaient beaucoup sur le travail des esclaves. Par la suite, l’île Hispaniola est devenue les deux pays connus sous le nom d’Haïti et de la République dominicaine.

De nombreux esclaves amenés à Hispaniola depuis le nord et le centre de l’Afrique aux XVIe et XVIIIe siècles pratiquaient le vaudou. Mais le code des esclaves de la colonie exigeait que tous les esclaves se fassent baptiser comme chrétiens. Cette conversion forcée a profondément marqué le vaudou. Comme les esclaves ne pouvaient pas observer ouvertement leur religion, ils ont emprunté de nombreux éléments au catholicisme pour protéger leur propre pratique spirituelle. Ce processus, appelé syncrétisation, a fortement influencé le vaudou en Haïti.

Rapprochement entre vaudou et christianisme

christianisme

Plusieurs influences liées au christianisme ont affecté le vaudou :

  • Les fêtes religieuses catholiques sont devenues des fêtes vaudou pour le Loa (esprits vaudou) correspondant. Par exemple, la célébration d’une famille d’esprits appelés les Gedes (personnifications d’ancêtres décédés), a lieu le jour de la Toussaint.
  • Les croix chrétiennes sont devenues des symboles. Certaines représentent les étapes dans le chemin spirituel des adeptes du vaudouisme.
  • Les hymnes et les prières catholiques sont devenus une partie des rituels vaudou.
  • Les noms des saints catholiques sont devenus les noms de Loa. Dans de nombreux cas, le rôle du Loa reflétait celui du saint correspondant. Par exemple, Saint-Pierre détient les clés du royaume des cieux et correspond au Loa « Papa Legba », qui est le gardien du monde des esprits.

Importance du vaudouisme dans les révoltes haïtiennes

Le vaudou occupe une place importante dans la vie quotidienne de nombreux Haïtiens. Les estimations varient, mais, en général, les anthropologues pensent que plus de la moitié des Haïtiens pratiquent le vaudouisme. La religion a également joué un rôle important dans l’histoire haïtienne. La Révolution française de 1789 a déclenché des révolutions ailleurs dans le monde, y compris dans plusieurs colonies des Amériques. En 1791, un prêtre vaudou a célébré une cérémonie au Bois-Caïman dans les montagnes haïtiennes. Cette cérémonie a précédé une révolte d’esclaves qui a duré jusqu’en 1804 (date d’indépendance du pays). Le peuple d’Haïti a combattu des armées d’Espagne, de France et de Grande-Bretagne. Finalement, Haïti est devenue la première colonie noire libre des Amériques. Cette cérémonie et son importance sont quelque peu controversées, mais elles font désormais partie de la tradition haïtienne.

Les rituels et les pratiques du vaudou

retour de l'être aimé

Des rituels bénéfiques

Certaines personnes associent le vaudouisme au mal. Cependant, beaucoup de ses puissants rituels (même ceux qui incluent le sacrifice d’animaux vivants) se concentrent sur le respect et la paix. Les prêtres, prêtresses et autres pratiquants consacrent généralement leur rituel à aider et à prendre soin des autres. Ainsi, on retrouve des rituels en lien avec l’amour ou les relations qui ont leur équivalent dans notre Magie rouge, tel que le retour de l’être aimé. Par ailleurs, comme en Magie blanche, des rituels de protection et de guérison existent.

L’initiation au vaudouisme

Dans certaines régions d’Afrique, les personnes qui veulent participer à la communauté vaudou peuvent entrer dans des centres religieux. Ces lieux ressemblent beaucoup à des couvents ou à des monastères. Dans certaines communautés, les initiés meurent symboliquement, passant trois jours et trois nuits dans l’isolement complet avant d’être renvoyés dans le monde extérieur. Les adeptes du vaudouisme apprennent les rituels, les aliments et les objets associés aux différentes divinités. Ils s’initient aussi à la façon de communiquer avec les esprits (Loas ou Lwas). Ces derniers ont des personnalités et des exigences différentes, tout comme les dieux dans les mythes grecs et romains.

Vaudouisme et pratiques cérémoniales africaines

Le vaudouisme se transmet principalement oralement. Les noms des dieux ainsi que les spécificités des différents rituels peuvent changer selon la région. Ces différences peuvent aussi se remarquer d’une génération à une autre. Cependant, le vaudou africain présente plusieurs points communs, peu importe où les gens le pratiquent. Ainsi, outre la croyance en plusieurs dieux et la possession spirituelle, celles-ci incluent :

  • La vénération des ancêtres.
  • Les rituels ou objets utilisés pour transmettre une protection.
  • Les sacrifices d’animaux utilisés pour montrer du respect à un dieu ou pour gagner sa faveur.
  • L’utilisation de fétiches ou d’objets destinés à contenir le pouvoir d’esprits particuliers.
  • Les danses de cérémonie, qui impliquent souvent des costumes et des masques élaborés.
  • La musique et les instruments de cérémonie, notamment les tambours.
  • L’association des aliments et des plantes avec des esprits spécifiques et l’utilisation de ces articles pour leur rendre hommage.

Beaucoup de ces traits, en particulier le culte des ancêtres, la musique et la danse, revêtent aussi de l’importance dans d’autres religions africaines. Ainsi, dans la pratique, le vaudouisme ressemble beaucoup aux autres religions traditionnelles ésotériques. De nombreuses célébrations semblent à la fois des fêtes et des services religieux, avec de la musique rythmée, des danses et des chants. Aussi, de nombreux rituels tirent parti du paysage naturel, comme les rivières, les montagnes ou les arbres. De plus, des objets ordinaires deviennent des objets sacrés par leur décoration et leur consécration (comme des pots, des bouteilles ou des parties d’animaux). On les utilise à cet égard dans les rituels.

Fausses idées sur le vaudou

la sorcellerie

Un pacte avec le diable

La culture populaire a fortement associé le vaudou au culte du diable, à la torture, au cannibalisme et autres opérations malveillantes. C’est en grande partie le produit d’Hollywood couplé à de fausses déclarations et de nombreux malentendus liés au culte vaudou.

Les germes de ces fausses idées ont commencé par un incident bien connu datant de 1791 à Bois-Caïman (en Haïti). Un groupement d’esclaves haïtiens s’est vu marquer. Les détails et l’intention exacts de cette réunion font encore l’objet d’un débat historique. On pense que des témoins non adeptes ont assisté à une cérémonie vaudou. Ils en ont déduit que les participants concluaient un genre de pacte avec le diable via la sorcellerie pour contrer leurs ravisseurs. Certaines personnes, en parlant du tremblement de terre dévastateur de 2010, ont affirmé que ce pacte avait perpétuellement maudit le peuple haïtien. 

Amalgame entre vaudouisme et sorcellerie

Malédictions, mauvais oeil et sorcellerie tombent dans la catégorie des « Bo », la magie noire liée au vaudouisme. Ce sont les sorciers connus sous le nom de botono qui contrôlent des sorts plus sinistres. 

Cependant, les dirigeants vaudous ont une connaissance pratique du « Bo », car ils doivent le comprendre pour le combattre. Ainsi, on doit savoir que cette forme africaine de vaudou est un précurseur du vaudou pratiqué en Haïti et dans d’autres parties du monde. 

le mauvais oeil

Controverse sur le Hoodoo

Le vaudouisme est pratiqué ouvertement en Haïti. Cette religion existe également sous diverses formes à La Nouvelle-Orléans et dans le sud-est des États-Unis. Dans certains cas, le vaudou pratiqué dans d’autres parties de l’hémisphère occidental est mélangé à d’autres traditions similaires, pratiques païennes ou autres coutumes. 

Cependant, dans certaines régions, les pratiques magiques populaires connues sous le nom de hoodoo ont dépassé le vaudou aux yeux du public. La sorcellerie, l’occultisme, le mauvais oeil les malédictions et les méthodes de vengeance tombent généralement sous l’égide du hoodoo. Elles ne sont pas du tout des pratiques vaudou. La confusion avec hoodoo constitue l’une des raisons pour lesquelles le vaudoo est controversé.

Auteur : Néva / Révision : mars 2025

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