Controverses autour de la religion vaudou
Depuis son apparition en Haïti, le vaudou s’est rapidement répandu. Les esclaves transportés d’Haïti vers le delta du Mississippi ont emporté leurs traditions avec eux, et le vaudou s’y est amplement développé. Aujourd’hui, les gens pratiquent ouvertement diverses formes de vaudou en Haïti. Pourtant, il s’effectue le plus souvent secrètement dans les autres parties du monde car il implique de nombreuses controverses liées aux sacrifices animaux, à la possession, aux idées sur la mort, ou encore à la santé publique.
Pourquoi autant de controverses autour du vaudou ?
Dans de nombreuses régions du monde occidental, les gens voient le vaudou avec méfiance. En effet, certaines personnes croient que cette religion est une représentation du mal ou que cela encourage l’adoration du diable. Dans certains pays, les missionnaires font un effort délibéré pour convertir la population de la pratique vaudou au christianisme.

De 1915 à 1935, le Corps des Marines des États-Unis (USMC) occupe Haïti. Pendant et après cette période, Haïti devient le décor de livres et de films. Ces derniers dépeignaient souvent le vaudou comme sinistre, cruel et sanglant. White Zombie, un film sorti en 1932, décrivaient les prêtres vaudous en tant que malfaiteurs qui transformaient des innocents en zombies.
À peu près à la même époque, le hoodoo (qui inclut à la fois magie wicca et magie noire) est devenu courant dans certaines parties des États-Unis, notamment à La Nouvelle-Orléans.
Auparavant, cette ville de Louisiane avait une communauté vaudou florissante dirigée par deux soeurs connues sous le nom Laveau. L’une d’elles disparut à la fin des années 1870 et l’autre, Marie Laveau est morte en 1881.
Sous leurs successeurs, la communauté vaudou s’est éclatée, elle est devenue moins visible au public.
Au même moment, quelques commerçants monnayent des breloques et des bibelots hoodoo dans toute La Nouvelle-Orléans. Finalement, le hoodoo, avec ses malédictions et ses sorts, est devenu synonyme de vaudou dans de nombreuses régions du sud.
Sacrifices et possession vaudou
Dans la perception du public, le culte vaudou est sombre et dérange. Il faut dire que le vaudouisme comprend des activités qui sont taboues dans d’autres religions. En effet, de nombreuses cérémonies impliquent le sacrifice d’animaux vivants, l’utilisation de leur sang ou de leurs carcasses séchés. Bien que cela fasse partie des principales religions, y compris le judaïsme, le sacrifice animal n’est plus couramment pratiqué aujourd’hui.
Par ailleurs, les serpents, que beaucoup de gens trouvent effrayants, jouent également un rôle dans certaines cérémonies et surtout dans le symbolisme vaudou. Par exemple, en Haïti, ils sont associés à l’un des Loas les plus puissants, connu sous le nom de Damballah. Pour cette raison, les adeptes utilisent souvent des images du Saint Patrick catholique qui incorporent des serpents pour représenter Damballah.

L’idée de possession spirituelle est gênante pour de nombreuses personnes, mais elle a également sa place dans d’autres religions.
Par exemple, dans le bouddhisme tibétain, les dieux peuvent habiter temporairement les corps des oracles. En effet, selon la tradition tibétaine, la divinité protectrice Dorjé s’est incarnée dans le corps d’un moine bouddhiste.
Ce dernier a enseigné avec succès au Dalaï-Lama comment échapper aux forces chinoises au Tibet en 1959.
La controverse sur la santé
Une autre préoccupation concerne la santé publique. En effet, dans certaines cérémonies vaudou, les adeptes peuvent se blesser en signe de foi ou en démonstration de la puissance d’un Loa. Les fidèles peuvent saigner librement sur des autels ou sur des objets sacrés. Les responsables de la santé publique affirment que cela peut encourager la propagation de maladies. Cependant, de nombreux leaders vaudous, en particulier dans les zones rurales, offrent des conseils médicaux et des remèdes populaires. Parfois, ces conseils vont à l’encontre de la pensée médicale établie vis-à-vis de la propagation de maladies. Mentionnons que le VIH et d’autres maladies transmises par contact avec du sang infecté sont concernés.
Controverse sur la mort
Enfin, il faut savoir que la mort est une partie substantielle de la religion vaudou. En effet, les esprits des ancêtres décédés, des dirigeants et d’autres personnes importantes sont au cœur de la pratique vaudou. Les critiques soutiennent que l’accent mis sur l’apaisement des ancêtres morts crée une culture de la peur. Les partisans rétorquent que de nombreuses autres religions ont mis le même accent sur l’apaisement des dieux. De plus, étant donné que la mort est un sujet qui met les gens mal à l’aise, il est logique qu’une tradition religieuse qui embrasse la mort puisse ainsi susciter autant de controverse.
Alors que le vaudou n’a pas grand-chose à voir avec la plupart des aspects néfastes que les gens lui associent, les stéréotypes qui l’entourent ont une certaine base dans la pratique réelle du vaudou.
Autres religions proches du vaudou
Le vaudou n’est pas la seule religion issue de la combinaison des formes de culte chrétiennes et traditionnelles africaines. Santeria, originaire de Cuba, présente de nombreuses similitudes avec le vaudou. À ce propos, à Santeria, on nomme Orisha les Loas. Pour cette raison, le culte d’Orisha est parfois utilisé comme euphémisme pour Santeria ou Vaudou. Le culte de Santeria et de l’Orisha existe encore aujourd’hui, en particulier à Cuba et dans les pays vers lesquels les Cubains ont immigré.