Les dieux et déesses de la religion Vaudou

La religion vaudou est un hybride fascinant de la mythologie africaine et chrétienne, mélangée à des touches de croyances caribéennes. Haïti est l’emplacement central de ce système qui s’est naturellement répandu à travers le monde entier. Mentionnons que le mot « vaudou » connait plusieurs orthographes. Dans cet article, j’utiliserai  celle que l’on pratique le plus, alors que les puristes préfèreront la version haïtienne écrite ainsi : « vodou ».

dieux vaudou

Dans la religion vaudou, le pratiquant (nommé vaudouisant) cherche à atteindre une sorte de symbiose en se mettant au service des dieux et des déesses.

Cette quête individuelle s’oriente vers le monde qui l’entoure afin d’être en harmonie avec la nature (comme pour le druidisme). 

« Mawu », le dieu principal du vaudouisme,  règne sur de nombreux autres qui s’organisent autour d’un concept de « famille ».

Ainsi, ces derniers sont considérés comme les enfants de leurs précepteurs, avec toute la verticalité qu’implique la hiérarchie et son respect. En voici les principaux :

Les onze principaux dieux de la mythologie Vaudou

Papa Legba

Le dieu Papa LEGBA…

Le dieu soleil et intermédiaire entre les dieux et l’humanité se nomme Legba. Il parle toutes les langues humaines. Il est toujours le premier dieu à être invoqué dans les cérémonies vaudou.

C’est à travers Legba que les loas vont et viennent du royaume des dieux vers le monde des mortels pour posséder des adorateurs.

Il protège la porte et toutes les routes qui mènent du monde des dieux à celui des Hommes. Il détient la clé de cet accès. Par extension, il est considéré comme le dieu de toutes les portes et de tous les carrefours.

Legba a un jumeau, il est considéré comme le « bon », alors que son frère Kalfu représente la version maléfique. Malgré son pouvoir, Legba est étrangement représenté comme un vieil homme marchant avec une béquille ou une canne pour se soutenir. Aussi, tous les chiens lui sont sacrés. 

kalfu

Et son jumeau KALFU

Kalfu est le dieu de la lune et le maître de la nuit.

Il est la divinité protectrice des sorciers, en particulier de ceux qui pratiquent la magie noire. Il a également la seigneurie sur les charmes, la malchance, la destruction et toutes sortes d’injustices.

Ceux que possède Kalfu affichent des yeux sombres et versent des larmes noires. Par ailleurs, la boisson préférée de Kalfu est le rhum mélangé à de la poudre à canon.

On le considère comme la version sombre de Legba. 

ZACA

Zaca est le dieu de l’agriculture et de la récolte. Cela fait de lui la divinité protectrice des agriculteurs et des travailleurs sur le terrain. Zaca est le plus sympathique et le plus accessible des dieux. Il peut être appelé « Cousin Zaca » s’il est repéré dans les champs. Il s’habille de denims et d’un chapeau de paille comme le font les Haïtiens ruraux. De plus, Zaca fume une pipe, boit dans des bouteilles de rhum et brandit une machette. Le 1er mai est son jour saint, ce qui correspond à la fête du Travail haïtienne.

Dieu LOCO

Loco est le dieu de la végétation sauvage. Il a plusieurs dons liés aux fruits et aux herbes pour la guérison. Cependant, il sait aussi manier ces derniers pour la confection de poisons mortels. Par extension, il est également la divinité protectrice des médecins et des Houngans (prêtres vaudous). Sa femme est la déesse Ayizan, fille de Ayida. En outre, un mythe implique la découverte par Loco du dieu Nibo sous la forme d’une pierre enveloppée dans des langes. Loco a ramené la pierre à la maison où elle s’est transformée en enfant. Il fit baptiser l’enfant avec la présence du dieu Ogun, qui lui servit de parrain. Néanmoins, ce dieu est surtout célèbre pour son rôle représentatif de dieu de la mort.   

ogun, dieu vaudou

Le dieu de la guerre OGUN

Souvent appelé le Vaudou Hercules, Ogun est surtout le dieu de la guerre, mais aussi du feu, de la métallurgie, de la politique et de la technologie. Ainsi, on pense qu’Ogun est descendu pour se battre dans chaque guerre de l’histoire d’Haïti sous diverses formes humaines. Son symbole est une épée coincée dans le sol. Ceux que possède Ogun peuvent se laver les mains dans la canne à sucre brûlée sans ressentir aucune douleur. 

Ogun était le parrain de Ghede Nibo et l’a adopté, provoquant une rivalité entre Nibo et le propre fils d’Ogun, Ogubadagri. Si ces deux divinités possèdent des fidèles lors de la même cérémonie vaudou, une bagarre éclatera entre Nibo et Ogubadagri dans l’autre monde. Un autre système de croyances dans lequel les divinités possèdent fréquemment leurs adorateurs et perturbent les cérémonies avec leurs querelles impliquerait les dieux de l’île Rennell et de l’île Bellona.

MARINETTE

Demi-déesse qui, dans sa vie mortelle, était la Mambo qui a sacrifié un cochon noir au début de la première révolution haïtienne. Après être morte en martyre pour la cause, Marinette est devenue la divinité patronne de la libération et de l’esclavage. Aussi, elle peut léguer la liberté ou un retour à la servitude, selon ses désirs. Marinette est dépeinte comme une femme qui afflige ceux qu’elle possède avec des accès violents et colériques. Les hiboux font partie de sa famille et elle est également la protectrice des loups-garous. Les adeptes lui sacrifient des cochons et des coqs noirs.

La déesse AYIDA

Ayida (ou Aida) est la déesse de la fertilité et de l’initiation aux vérités sacrées, faisant d’elle la principale Mambo (prêtresse vaudou). Elle est l’épouse de la divinité créatrice Damballah. Le couple se manifeste souvent dans le ciel d’Haïti sous la forme de serpents entrelacés. Sa couleur préférée est le blanc comme en témoignent ses offrandes : poulets,œufs, riz, lait et coton. Sa fille est Ayizan.

maman Brigitte

MAMAN BRIGITTE

Maman Brigitte est l’une des plus puissantes déesses des trente Ghede, ou dieux de la mort.

Son mari est le très connu Baron Samedi, et comme lui, elle garde les cimetières. En effet, sa province est une étendue faite de tombes surmontées de tas de pierres.

Elle est également considérée comme la déesse de la justice. Par ailleurs, le rhum et les piments forts sont le régime alimentaire de Maman Brigitte (les piments sont censés expliquer son association avec le feu).

D’autre part, une figure représente cette déesse comme la première femme enterrée dans chaque cimetière vaudou. 

AGWE, dieu de la mer

Agwe est le dieu de la mer et de la vie marine, végétale et animale, ainsi que la divinité patronne des marins et des pêcheurs. Il a enseigné aux humains comment pêcher et construire des bateaux. Des navires élaborés sont construits et chargés d’offrandes, puis poussés à la mer avec des trous dans le fond pour permettre de couler et de présenter à Agwe les cadeaux. Ce dieu vit dans une vaste plantation sous la mer et c’est l’un des maris de la déesse de l’amour Erzulie.

En outre, ce dieu a les yeux verts et s’habille comme un officier de marine. Les divinités subordonnées de l’eau d’Agwe comprennent : Adjassou la déesse de l’eau de source ; Labaleen la déesse des baleines, et Clermeil le dieu de la rivière responsable des inondations. Mamiwata était à l’origine la femme d’Agwe et un co-dirigeant de la mer, mais plus tard, elle a été confondue avec Erzulie.    

ERZULIE

Comme vénus dans la mythologie romaine, Erzulie est la déesse de l’amour, de la beauté et de la passion. Elle porte trois anneaux de mariage en reconnaissance de ses trois époux : les dieux Ogun, Agwe et Damballah. Ces derniers la chouchoutent et lui procurent une existence somptueuse et luxueuse. Sa vie idyllique est interrompue uniquement par la tristesse ressentie à cause des cœurs brisés parmi les humains.

Par ailleurs, Erzulie se poudre, se parfume et se pare de toutes sortes de bijoux. Elle a des relations avec de nombreux dieux en plus de ses maris, mais rejette toujours Nibo à cause de sa peau excessivement sombre. Elle aime les gâteaux au sucre et le champagne. Mentionnons qu’un désir soudain pour ces choses délicieuses peut marquer une femme mortelle comme possédée par Erzulie.

DAMBALLAH

DAMBALLAH

Pour finir, je vous présente Damballah. C’est le dieu vaudou le plus connu du monde. Baron Samedi est la seule divinité qui soit autant célèbre que lui. Ce dieu serpent qui encercle la Terre est aussi le créateur des êtres humains et des dieux. Il contrôle l’intelligence et la force de vie. Lorsqu’il n’est pas représenté encerclant la Terre ou entrelacé avec sa femme la déesse arc-en-ciel Ayida, Damballah se montre vivant parmi les branches de l’Arbre sacré.

Par ailleurs, Damballah s’occupe des estropiés, des déformés, des albinos et des jeunes enfants. Le dieu serpent aime l’argent et les métaux précieux. Si les fidèles trouvent grâce auprès du dieu, il les récompense en les conduisant au sens figuré ou littéralement vers les richesses terrestres.

Ces mortels possédés par Damballah ne parlent pas, mais rampent et sifflent simplement comme des serpents. D’autre part, Simbi est l’un des fils de Damballah, le dieu-serpent blanc qui apporte la pluie.

Le Loa suprême et les autres esprits

Ceux qui pratiquent le vaudou haïtien (nommés aussi les vaudouisants) croient en un seul Dieu créateur : le Loa suprême (qui signifie esprit ou dieu suprême). Ils l’appellent Bondye, dont la traduction littérale est « Bon Dieu ». Il faut savoir que le Loa Bondye n’intervient pas dans les affaires des vivants. C’est pour cette raison que les vaudouisants dirigent leur demande vers de nombreux autres Loas dits inférieurs, parmi lesquels figure le Baron Samedi. Chacun d’entre eux est responsable d’un aspect particulier de la vie et ils sont divisés en deux catégories, les froids et les chauds : 

baron samedi
  • Les esprits froids appartiennent à la catégorie Rada. Ils viennent principalement d’Afrique et ces derniers sont conviviaux et serviables. 
  • Les esprits chauds, quant à eux, appartiennent à la catégorie Petro. Ils sont principalement originaires d’Haïti, ils sont plus exigeants et nécessitent plus d’attention aux détails que les esprits Rada.

Ces esprits, qu’ils soient Rada ou Petro, ne sont ni «  tout bon » ni « tout mauvais » et peuvent même être dangereux s’ils sont contrariés ou en colère.

Baron Samedi : un Loa populaire

Le plus répandu des Loas dans le vaudou haïtien est Baron Samedi. Il faut dire qu’il occupe une place particulièrement populaire en tant que gardien des cimetières. On peut le qualifier de « psychopompe », c’est-à-dire un esprit responsable du transport d’un individu vers l’au-delà. De ce fait, dans la religion vaudou, on le surnomme «le maître des morts».

le baron samedi

Baron Samedi (Baron Saturday en anglais) est surtout connu pour être le chef de la puissante famille Guédé.

Dans la religion vaudou, cette puissante famille d’esprits contrôle la vie et la mort et possède de nombreux pouvoirs en liens étroits avec la magie et le culte des ancêtres. Elle se compose principalement d’esprits inférieurs qui s’habillent pratiquement de la même manière que le Baron Samedi. Leurs attitudes sont également grossières mais aucun n’a le charme de leur maître. 

Le vaudou haïtien représente le Baron Samedi avec un visage ressemblant à un crâne, portant un smoking et un chapeau haut de forme. Quelquefois, il porte des bouchons de coton dans les narines et des lunettes sombres.

On dit souvent que son image évoque  celle d’un cadavre qui a été habillé et préparé pour l’inhumation à la manière traditionnelle haïtienne.

Attitudes et aptitudes de Baron Samedi

Une attitude jugée immorale 

Baron Samedi passe la majorité de son temps dans le royaume invisible des esprits vaudous haïtiens. Son comportement est souvent décrit comme scandaleux. En effet, il est connu pour passer son temps à boire du rhum et à fumer des cigares. De plus, il jure abondamment et fait d’immondes plaisanteries aux autres loas. 

Les esprits de la famille Guédé se comportent de la même manière, mais sans réussir à avoir son style. Le baron a besoin de cette nature suave qu’il expose volontiers car on pense qu’il poursuit les femmes mortelles de petite vertu, bien qu’il soit marié à Maman Brigitte.

Le guide des morts

Le Baron passe son temps à s’attarder au carrefour de la vie et de la mort dans le monde humain. Quand quelqu’un meurt, on dit que Baron creuse sa tombe et rencontre son âme. En effet, son principal rôle est de  guider les morts dans le monde souterrain. Aussi, seul Baron Samedi a le pouvoir décisionnel d’accepter un individu dans le monde des morts.

Par ailleurs, le Baron veille à ce que tous ceux qui sont morts restent dans le sol comme ils le devraient, en veillant à ce qu’aucune âme ne puisse revenir en tant que zombie. Il exigera un paiement pour cet acte, qui varie en fonction de son humeur du moment. À de nombreuses reprises, il se contentera d’accepter des cadeaux comme des cigares, du rhum, du café noir ou des arachides grillées. 

Guérisseur et désenvoûteur

le désenvoutement

Le Baron Samedi possède le pouvoir de désenvoûter ou de guérir tout mortel d’une maladie ou d’une blessure.

Cependant, cette action bienfaitrice est soumise à des conditions que seul Baron Samedi connaît. Ainsi, il peut décider de soigner ou non un individu selon son bon vouloir. Ce maître Loa a même le pouvoir de surmonter les malédictions et de désenvoûter par le feu qui bon lui semble. 

Pour lui, personne n’est mort jusqu’à ce qu’il creuse sa tombe et l’envoie dans le monde souterrain. Ainsi, une magie noire qui frappe un individu ne garantit pas sa mort s’il refuse de creuser sa tombe. 

La famille Guédé du Baron Samedi

Baron Samedi et les autres esprits de la famille Guédé font en sorte de nous rappeler constamment le rôle de la mort dans ce monde. Les esprits de cette famille très particulière utilisent tous un langage grossier et se comportent de manière immorale. Baron et les autres esprits ne tiennent pas compte des règles des vivants et rappellent à tous que la mort est une constante et qu’elle touchera tous les mortels. Ainsi, le comportement de la famille Guédé suggère aux vivants de profiter des avantages du monde des vivants pendant qu’ils occupent encore ce royaume.

Les cérémonies dans le vaudou haïtien qui invoquent les esprits de la famille Guédé deviennent souvent érotiques et grossières. Les participants boivent abondamment, dansent avec frénésie et célèbrent dans un total excès la famille Guédé. Cependant, bien qu’elle soit la plus grande famille de loas, elle occupe une place inférieure par rapport à Bondye, l’esprit suprême du vaudou.

En tant que « Maître des morts », le comportement imprudent de Baron Samedi, ses moqueries, sa consommation d’alcool et ses jurons sont tous symboliques d’une famille d’esprits qui ont déjà vécu et sont morts. Et c’est bien pour cela que ces esprits n’ont plus rien à craindre.